jeudi 4 avril 2024

Transitio 2.0

Article mis à jour le 12 juin 2023.



Transitio.net a déménagé sur Google !

    La première version de Transitio, mise en ligne le 4 févier 2012, a fini par disparaître car le logiciel que j'avais utilisé pour créer le site est devenu périmé et impossible à mettre à jour. La dernière fois que je l'avais consulté il avait compté plus de 845.000 lecteurs.
    
    Heureusement que j'ai créé ce blog de sauvetage à temps ! On y retrouve les 220 anciens articles de Transitio.net (qui ont été corrigés et mis à jour !), ainsi que tous les nouveaux, car TRANSITIO continue ! 

Transitio ? Pourquoi ce drôle de nom ?

    Le vieux dictionnaire Latin/Français, le Gaffiot donne la définition suivante du mot latin "transitio" : "action de passer, passage..."
    Je n'ai pas trouvé plus joli nom pour ce site dont l'objet est d'analyser la formidable période de transition que nous vivons : transition énergétique, économique et sociale.

Pourquoi ce site ?

    L'humanité a bien sûr déjà vécu maintes périodes de transitions (Je me passionne pour l'Histoire), mais assurément aucune n'a jamais eu l'importance de celle dans laquelle nous sommes engagés. La différence de celle-ci par rapport aux précédentes, c'est son extraordinaire enjeu : Soit la mutation profonde de nos sociétés, soit l'effondrement...

    Nous ne pouvons plus réagir aux grandes mutations de notre environnement comme nous le faisions depuis 20.000 ans. Plus possible de changer de vallée lorsque les ressources diminuent. Plus possible de découvrir de nouveaux continents ni d'exterminer, asservir ou coloniser d'autres peuples pour piller leurs ressources.
    Nous venons de réaliser que nous vivions dans un monde fini, et nous commençons de découvrir avec inquiétude que nos réserves énergétiques s'épuisent, et comme si cela ne suffisait pas, le climat se réchauffe !

    Vous comprendrez mieux le problème de l'épuisement des ressources dans une société finie en regardant l'excellente petite vidéo ci-dessous.



C'est qui Transitio ?

    Ingénieur thermicien, c'est en 2003 que j'ai commencé à prendre conscience de la crise vers laquelle nous allions. Ce fut à l'occasion d'un congrès professionnel auquel j'avais assisté. Un représentant du gouvernement, le député Jean Besson (à l'époque membre du conseil supérieur de l'énergie et administrateur de GDF), missionné par la ministre de l'Industrie pour rédiger un livre blanc de l'énergie (une sorte d'état des lieux), avait introduit la journée de débat par un petit discours. Quelle ne fut pas ma surprise de l'entendre dire que le gouvernement savait très bien qu'il n'y aurait plus de pétrole d'ici quelques décennies, ou que le peu qui resterait serait hors de prix. Il précisa même que la guerre que les USA venaient de commencer en Iraq s'inscrivait dans cette perspective. Le sujet était déjà évoqué à l'époque dans mon travail, mais là c'était un représentant du gouvernement qui en faisait l'aveux.

    Etant amené à réaliser des études prospectives dans le cadre de mon travail (schémas directeurs énergie, plans climat, etc.), penser l'avenir était une nécessité. J'ai donc commencé à suivre avec la plus grande attention, la progression de cet épuisement des ressources énergétiques (fin du pétrole, du gaz, du charbon, etc.).

    Grâce à Internet il était plus facile que jamais d'accéder à de précieux documents, autant dans les grandes compagnies de l'énergie que dans les institutions internationales et les gouvernements. Très peu dans la presse mainstream, vous vous en doutez. La presse ayant de plus en plus vocation à former l'opinion qu'à l'informer, elle ne se contente la plupart du temps que de rapporter ce que des chargés de communication lui donnent. Ce disant, je ne porte pas de jugement de valeur, car lorsque l'on prend réellement la mesure du problème, on comprend la difficulté qu'il y a à en parler.

    Le fameux déni n'existe pas seulement avec le réchauffement climatique. Il est encore bien plus grand vis-à-vis de la crise énergétique. Les uns disent que l'on saura s'adapter au nouveau climat en s'habillant léger et en poussant la climatisation, et les autres croient dur comme fer que l'on trouvera une nouvelle énergie miraculeuse pour remplacer le pétrole (en l'occurrence, en France, c'est le nucléaire qui sert de miroir aux alouettes).

    Toutes les guerres qui ont lieu depuis plus de 20 ans, ont pour véritable objet l'énergie. Lorsqu'un conflit éclate ou menace d'éclater quelque part (Ukraine par exemple), il vous suffit de taper pétrole, gaz ou uranium, avec le nom du pays, et vous comprendrez !

    La crise économique perpétuelle, elle aussi, est une résultante de l'épuisement des ressources. Les économistes comprennent peu à peu (pas assez) que la fameuse croissance infinie nécessaire pour équilibrer le marché (remboursement des dettes), ne reviendra jamais plus. (Vous avez regardé la vidéo ci-dessus ?).

    Etant passionné d'histoire, de philosophie et même de psychologie, j'ai très vite compris que cette transition énergétique allait provoquer une transition sociétale majeure, sans commune mesure avec les périodes de transition précédentes que l'humanité avait traversées. (La dernière glaciation a réduit l'humanité de moitié, mais à l'époque nous n'étions que quelques centaines de milliers d'individus.) Raison pour laquelle j'ai de plus en plus souvent abordé des sujets de société, en plus des sujets relatifs à l'énergie.

    La grande différence de notre époque par rapport aux précédentes, c'est que nous bénéficions d'un savoir extraordinaire et (normalement) de notre expérience transmise par l'étude de l'histoire.

    Alors voilà, Transitio, c'est cela ; des années d'études de la transition, des centaines de documents précieux dans mes archives et de temps à autres un nouvel article.

A l'origine du site, je concluais ainsi cette page de bienvenue :

"Vivons cette transition, ce passage, comme une heureuse opportunité et non comme une triste fatalité. Une formidable occasion pour les sociétés humaines d'évoluer...

L'avenir doit redevenir ce qu'il était autrefois, c'est à dire une source d'espoir, un projet. Ne gardons des legs du passé que le meilleur, enrichissons-nous des plus belles idées du présent et sourions à l'avenir.

L'avenir commence aujourd'hui !"

Alors bienvenue sur Transitio ! 

 

Petite mise à jour en 2022 : 

    Hélas, je ne suis plus aussi optimiste à présent. Pourtant, en 20 ans, énormément de choses sont allées dans le bon sens, principalement dans les domaines scientifiques et techniques et la date fatidique de la catastrophe climatique recule sans cesse depuis 50 ans. Mais dans le domaine de la pensée, c'est autre chose. Nous ne parvenons pas à nous libérer de certains déterminismes pesants hérités de notre longue évolution. Nos politiques se comportent comme s'ils vivaient encore au 19ème siècle, mais ils disposent des terribles moyens du 21ème. Quant à la population, comment ne pas constater avec inquiétude son ignorance grandissante, révélée par la pandémie de la COVID, et sa progressive mise à l'écart ?



Quelques conseils 😊
  • L'ancien site n'est hélas plus en ligne, raison pour laquelle certains lien des articles de ce blog risquent d'être rompus quand ils menaient vers des articles de l'ancien site. J'essaie de restaurer les liens au fur et à mesure.
  • Sur ce blog, on retrouve les articles par années, dans le menu à droite.
  • Transitio se trouve aussi sur une page Facebook sur laquelle je partage des infos que je juge intéressantes et où je publie également les articles de ce blog.
La page Facebook de Transitio !

mercredi 3 avril 2024

Tittytainment : Distraire ceux qui sont devenus inutiles...

Lien vers la video : INA

Courte introduction 😉

    Les plus vieux articles de ce site ont déjà 15 ans ! A l'origine j'avais créé ce site afin de traiter de la transition énergétique, un sujet qui me préoccupait tout particulièrement parce que j'y étais confronté dans le cadre de mon travail d'ingénieur. Afin de réaliser les études prospectives que l'on me demandait, j'avais accès à des documents alarmants provenant de diverses sources, telles que l'Agence Internationale de L'Energie, les compagnies pétrolières et même notre gouvernement ! Ce que je découvrais alors était si inquiétant que je comprenais que nous allions être confronté non seulement à une crise énergétique majeure, mais aussi à une crise sociétale jamais vue. Raison pour laquelle les articles sur la transition sociétales sont devenus de plus en plus fréquents.

    J'ai jugé utile de ressortir aujourd'hui cet article publié en 2017 évoquant "tittytainment", compte tenu de sa pertinence. Je l'ai allégé en retirant sa trop longue introduction qui évoquait des faits d'actualité et je prends soin d'écourter celle-ci. 😊


Vous pouvez cliquer sur l'image pour lire un article très intéressant

Vous ne servirez bientôt plus à rien…

    Après la délocalisation qui a fait de notre pays un désert industriel, voici la robotisation. Celle-ci est en train de supprimer des millions d’emplois. Transitio vous en avait déjà parlé lorsque j’avais traduit en 2014 un article de The Economist : « En transition vers le chômage de masse » (A lire absolument). Les prédictions de cet article étaient pour le moins alarmistes. Selon la Banque Mondiale, entre 1990 et 2007, 670.000 emplois industriels ont été détruits et depuis 10 ans le phénomène s’est accéléré.

    Cela n’empêche pas certains, (probablement les mêmes que ceux qui pensent que l’on trouvera une nouvelle énergie miraculeuse pour remplacer les énergies fossiles), de minimiser l’impact de la robotisation en imaginant que cette nouvelle révolution sera créatrice de nouveaux emplois. 

    Mais ne rêvons pas, cela ne se passera pas comme au 19ème siècle avec la mécanisation. Il ne vous suffira pas d’apprendre à devenir de nouveaux mécanos pour bénéficier de ce fabuleux « bond en avant ». Non, car ces robots seront d’une complexité extrême et ils bénéficieront d’une intelligence artificielle qui, ne vous vexez pas, surpassera très vite la vôtre comme la mienne. Comme le dit Laurent Alexandre, chirurgien, énarque, auteur de romans et de BD, transhumaniste, chroniqueur au journal Le Monde, spécialiste des nouvelles technologies et ardent soutient de notre président : « Dans le futur, seuls les gens très intelligents et très doués trouveront du travail ».

    Pour que vous vous fassiez une idée du personnage, je vous propose de visionner la vidéo de cette conférence à l'école polytechnique pendant laquelle il a donné libre cours à son discours de grand visionnaire. Attendu qu'il s'adresse à de futurs dieux, j'espère que vous comprendrez...


    Méfions-nous malgré tout des propos de ce gourou auto-proclamé de l’intelligence artificielle, qui fait partie du gang des transhumanistes bien connus pour leur dégoût de l’humanité et leur aspiration à une vie éternelle. Vous pouvez lire cet article à propos du livre qu’il vient de publier : « La Guerre des intelligences ».

    Je vous propose avant de poursuivre la lecture de ce trop long article, de regarder cette vidéo réalisée par l’émission #DATAGUEULE qui traite brillamment du sujet et dont la conclusion est plutôt optimiste. Son titre : « La Faim du travail ».



Les gens qui ne sont rien

    Cela a commencé discrètement, derrière les murs des usines. Mais regardez bien autour de vous, plus personne aux péages des autoroutes, presque plus de guichets dans les gares ni dans le métro, de plus en plus de caisses automatiques dans les magasins. La chasse aux petits métiers est ouverte et elle ne fait que commencer ! Les petites gens n’auront bientôt plus le droit d’exister, puisque qu’ils ne pourront plus ni travailler ni se loger, ni vivre. Et gare à ceux qui protestent ! Notre banquier-président n’hésite pas à les insulter en les traitant de fainéants ou d’illettrés ! Il a même été jusqu’à évoquer « les gens qui ne sont rien ». Vous ne serez pas étonnés si vous avez entendu Laurent Alexandre parler des inutiles dans la vidéo ci-dessus.
    Rappelez-vous les propos choquants de notre Président. C'était avant que l'on se rende compte durant la pandémie, que des "gens qui ne sont rien", comme des infirmiers, des boulangers, des livreurs,... étaient indispensables au fonctionnement de la société



    Il y en a d’autres paroles aussi affligeantes listées sur cette page : « 6 phrases polémiques de Macron ».

    Petite manifestation de mécontentement (à laquelle j'ai participé) des gens qui ne sont rien, le 3 juillet 2017, place de la République à Paris.


La géniale solution de Zbigniew au forum sur l’état du monde en 1995 !

    N'essayez pas de vous rassurer en vous disant que ces paroles sont « sorties de leur contexte ». La prise de conscience de notre grandissante inutilité par nos dirigeants n’est pas nouvelle !

    Un forum sur l’état du monde s'est tenu du 27 septembre au 1er octobre 1995 à l'Hôtel Fairmont de San Francisco. L'objectif de la rencontre était de déterminer l'état du monde, de suggérer des objectifs désirables, proposer des principes d'activité pour les atteindre et d'établir des politiques globales pour obtenir leur mise en œuvre. Les cinq cents hommes politiques, leaders économiques et scientifiques de premier plan réunis (parmi lesquels Mikhaïl GorbatchevGeorge Bush pèreMargaret ThatcherVáclav HavelBill GatesTed Turner, etc.) sont arrivés à la conclusion que « dans le siècle à venir, deux-dixièmes de la population active suffiraient à maintenir l'activité de l'économie mondiale ». Le problème se poserait alors sur la manière de gouverner 80% de la population restante, superflue dans la logique libérale, c’est à dire ne disposant ni d’un travail ni d’un quelconque talent à vendre, ce qui nourrirait une frustration croissante et dangereuse.

Le tittytainment !
Zbigniew Brzezinski

    C'est au cours de ce forum que l’un des participants, le démocrate américain Zbigniew Brzezinski, membre de la commission trilatérale et ex-conseiller du président des États-Unis Jimmy Carter, a proposé un tout nouveau concept, le "tittytainment", un savant cocktail de nourritures physiques et psychologiques qui endormirait les masses et contrôlerait leurs frustrations et leurs protestations prévisibles. Brzezinski a expliqué l'origine du terme tittytainment, comme une combinaison des mots anglais « tit » (« sein » en anglais) ou « titillate » (« taquiner pour exciter gentiment » en anglais) et « entertainment » le terme anglais pour divertissement. La connotation sexuelle y est moins présente que l’allusion à l’effet endormant et léthargique que l'allaitement maternel produit chez le bébé quand il boit. Ce politologue avait soutenu sa thèse de doctorat en 1953 sur la question du « totalitarisme soviétique » et son père, diplomate polonais au Canada en 1939 n’avait pu retourner dans son pays pour d’évidentes raisons (le pacte germano-soviétique). C’est peut-être pour cela qu’il a imaginé cette solution plutôt douce à notre inutilité. Mais ne peut-on imaginer qu’un jour, quelqu’un de moins bien intentionné ait une autre solution ?

    Juste une petite précision, vous aurez bien compris j’espère, que si vous ne travaillez pas et que vous êtes stupides comme vos pieds, mais que vous faites partie de la richissime minorité de la population, vous n’aurez pas de souci à vous faire. Ce n’est pas Laurent Alexandre, le gourou de l’intelligence artificiel évoqué plus haut, opulent exilé fiscal réfugié à Bruxelles qui vous dira le contraire. (Lire ce lien).


En transition vers le tittytainment !

    Le tittytainment est actuellement discrètement mis en œuvre. On constate un abêtissement général de la population et même une baisse régulière du quotient intellectuel. Les programmes scolaires ont tous été revus en raison du fait que l’on n’a plus besoin comme par le passé d’une classe moyenne éduquée (à quoi bon des ouvriers qualifiés, des techniciens ou des ingénieurs ?). Il n’y a jamais eu autant de moyens de se distraire. S’amuser est presque devenu une obligation.




    Cette transition, puisqu’il s’agit bien d’une transition se passe presque « en douceur ». Les quelques malheureux qui protestent pour conserver leur travail et un peu de dignité ne représentent qu’une infime minorité et les rares politiques honnêtes qui les défendent sont présentés par les médias comme étant de très dangereux populistes.


Nommer la chose

    Je me demande toujours quelle est la part d’organisation dans tout cela, car je répugne à sombrer dans de ridicules théories du complot. Je me dis qu’il y a peut-être une sorte d’inconscient collectif qui nous fait agir dans un certain sens, en réaction à un changement de notre environnement, "pour le profit de l’espèce" comme dirait Darwin. Mais il suffit malheureusement d’être un peu attentif et de s’informer pour constater que ceux qui mettent en place ce tittytainment savent très bien ce qu’ils font. Parmi les techniques utilisées, il y a, entre autre, l’appauvrissement du langage.

    C’est le célèbres George Orwell qui avait démontré l’efficacité de cette technique dans son livre « 1984 ». Dans le monde de 1984, chaque année, le gouvernement éditait un nouveau dictionnaire de la langue officielle, la novlangue, et chaque année le dictionnaire contenait de moins en moins de mots. L’idée géniale était que plus l’on a un vocabulaire réduit moins on peut élaborer de pensées complexes, voire dangereuses. Les techniques d’ingénierie sociale ont bien progressé depuis l’époque des grands totalitarismes. La violence est devenue presque inutile. A quoi bon brûler des livres comme les nazis ou censurer et emprisonner des auteurs comme les soviétiques ? Alors qu’il est si facile de dégoûter à jamais les gens de la lecture, lors de leur passage à l’école par exemple ? (La lecture étant considérée par les pédagogues comme une pratique élitiste).

    Regardez plutôt cette image, très parlante. Orwell, l'auteur de 1984 craignait que l'on interdise aux gens de lire. Huxley, lui, craignait que l'on dégoûte les gens de lire...





    Comment définir le tittytainment ? Un totalitarisme soft des temps modernes ? Avez-vous lu l’article de Transitio sur Propaganda, le livre publié par Edward Bernays en 1929 ? En voici un extrait :
« L’instruction généralisée devait permettre à l’homme du commun de contrôler son environnement. A en croire la doctrine démocratique, une fois qu’il saurait lire et écrire il aurait les capacités intellectuelles pour diriger. Au lieu de capacités intellectuelles, l’instruction lui a donné des vignettes en caoutchouc, des tampons encreurs avec des slogans publicitaires, des éditoriaux, des informations scientifiques, toutes les futilités de la presse populaire et les platitudes de l’histoire, mais sans l’ombre d’une pensée originale. Ces vignettes sont reproduites à des millions d’exemplaires et il suffit de les exposer à des stimuli identiques pour qu’elles s’impriment toutes de la même manière. »

    Noam Chomsky a écrit quelque part : « La propagande est à la démocratie ce que la matraque est à la dictature. »




    Voilà pourquoi Transitio a décidé de mettre à l’honneur ce mot que vous n’entendez jamais, le tittytainment ! Car si l’on ne nomme pas les choses, on ne peut pas les penser !



    Notons au passage que les empereurs romains, faute d'avoir nommé le concept, l'avaient tout de même bien compris et l'appliquaient avec succès. Rappelons ces vers du poète Juvénal dans sa Satire N°10

Ces Romains si jaloux, si fiers de leurs suffrages,

Qui jadis commandaient aux rois, aux nations,

Décernaient les faisceaux, donnaient les légions,

Et seuls, dictant la paix, ou proclamant la guerre,

Régnaient du Capitole aux deux bouts de la terre,

Esclaves maintenant de plaisirs corrupteurs,

Que leur faut-il ? du pain et des gladiateurs.

"Panem et circenses", du pain et des jeux, et le peuple ne se révoltera jamais...




Petite digression (Désolé)

    Encore un mot sur Zbigniew Brzezinski, pour mieux cerner le personnage, l’étonnant inventeur de ce nouveau concept d’ingénierie social, le tittytainment.

    Il faut tout de même savoir que c’est lui qui a eu l’idée géniale, alors qu’il était le conseiller national en sécurité du président Carter, d’œuvrer de telle sorte que celui-ci signe le 3 juillet 1979 la première directive pour l'aide secrète aux opposants au régime prosoviétique à Kaboul. Il fut l’instigateur de l’opération « cyclope », une campagne de soutien aux moudjahidin au Pakistan et en Afghanistan, dirigée par les services de sécurité pakistanais avec le soutien financier de la Central Intelligence Agency et du MI6 britannique. Une partie du programme de la CIA était dirigée par leur division d'élite des activités spéciales et comprenait l'armement, la formation et la direction des moudjahidines d'Afghanistan. Son idée était de pousser les soviétiques à intervenir en Afghanistan afin que cela devienne leur propre Vietnam. Et c’est en effet ce qui arriva, pendant près de 10 ans, l’Union Soviétique a dû mener une guerre insoutenable pour le régime, un conflit qui a largement contribué à l’effondrement de l'empire soviétique. L’ami Zbigniew a d’ailleurs raconté tout cela dans une interview accordée au Nouvel Observateur en janvier 1998. Qui s'en souvient ? Et qui prend la mesure des conséquences qui perdurent jusqu'à aujourd'hui ?


Sources

    Vous en apprendrez plus sur la page de David N. Gibbs, professeur d’histoire à l’université de l’Arizona : David N. Gibbs
    Le texte complet de son article est téléchargeable en cliquant sur ce lien : "Afghanistan, the Soviet invasion in retrospect".

    Mais faites attention, car vous trouverez sur Internet plein d’articles du style « complot mondial » sur Zbigniew. On le voit même sur une photo avec un militaire afghan présenté comme étant possiblement Ben Laden. (Voir ce lienMéfiez-vous car c’est peut-être comme la photo d’Hillary Clinton que l’on voit serrer la main de Ben Laden, qui est en fait un montage réalisé à partir d’une photo où elle serrait la main du musicien indien Shubhashish Mukherjee en 2004. (Voir ce lien).

    La photo ci-dessous est vraie, on y voit Ben Laden présenté comme un guerrier de la paix...



Conclusion ?

    Parfois, lorsque j’ai des idées noires, je me dis qu’après tout, il n’y a peut-être pas moyen de faire autrement. Comment gouverner des masses aussi importantes de populations ? L'ingénierie sociale, avec sa propagande, est peut-être la condition d'un semblant de démocratie ?
    Regardez bien autour de vous. Quelle est selon vous la proportion de gens qui veulent être vraiment libres et informés ? La liberté implique une prise de risque, le savoir oblige à prendre conscience de notre condition et nous rend souvent malheureux.
    Combien de malheureux dépensent presque un mois de salaire pour posséder le dernier iPhone et pouvoir jouer à Candy Crush, regarder des vidéos de chats et parler de rien à coup de "lol" et de "mdr" ?

    Peut-être n’y a-t-il effectivement pas d’alternative au tittytainment ?...





Bertrand Tièche
04/04/2024

Post Scriptum : 
    Certains irréductibles résistent malgré tout au délire transhumaniste et sa volonté de créer une nouvelle race de dieux. Ils s'appellent entre eux les Chimpanzés du futur. Vous pouvez visiter leur site WEB en cliquant sur l'image ci-dessous.






jeudi 6 juillet 2023

Les religions se font une idée mesquine de leur dieu

 

Voie lactée en hiver
Source image 

Postulat : J'accepte de croire en votre dieu 😇

    Vous croyez en dieu ? Soit ! Je vais vous faire plaisir et accepter de croire à cette divinité toute puissante qui selon vous a créé l’univers.

L'univers (créé par dieu)

    L’univers ? Acceptez-vous que nous en parlions ? Attendons la nuit et levons les yeux vers lui, c'est-à-dire vers le ciel. Disons que c’est une magnifique nuit d’hiver, car c’est là que l’on voit le plus d’étoiles. Avec un peu de chance, on peut voir environ 3000 étoiles dans le ciel.

    Wikipédia nous explique qu’une étoile est un objet céleste en rotation, de forme a priori sphérique, constitué essentiellement de plasma et dont la structure est modelée par la gravité. Lors de sa formation, une étoile est essentiellement composée d’hydrogène et d’hélium. Notre soleil est une étoile. Sa lumière met huit minutes pour atteindre notre petite planète Terre.

    Immanquablement, si vous regardez le ciel par une belle nuit, vous ne manquerez pas de remarquer une sorte d’arche lumineuse traversant le ciel. Celle-ci s’appelle la voie lactée. La voie lactée, c’est le nom que l’on donne à la galaxie au sein de laquelle évolue notre soleil à la vitesse de 850.000 km/h. Notre galaxie navigue dans l’espace depuis 13.61 milliards d’années à près de 2.3 millions de km/h (630 km par secondes). Notre planète orbite autour du soleil à la vitesse de 100.000 km/h et tourne sur elle-même à environ 1600 km/h. La voie lactée a une forme de spirale et notre soleil, situé à environ 26.000 années lumières de son centre se situe à sa périphérie, sur l’un de ses bras. La partie la plus dense de notre galaxie à un diamètre estimé à 100.000 années. Une année lumière correspond à la distance parcourue par la lumière en un an, soit environ 10.000 milliards de kilomètres.

Notre galaxie, la Voie lactée.

    Notre galaxie compte entre 100 milliards et 400 milliards d’étoiles, (une fois décomptée la masse de la matière noire). Les scientifiques s’accordent sur le chiffre moyen de 200 milliards. Toutes ces étoiles ne sont pas comme le soleil qui est une naine jaune. Certaines sont plus petites ou plus grosses, d'autres plus vieilles ou plus jeunes. Aujourd’hui on estime qu’autour des étoiles de notre galaxie, gravitent plus d’une centaine de milliards de planètes. Chaque jour de nouvelles planètes sont détectées autour d’autres étoiles. On les appelle des exoplanètes.


    L’univers connu compte environ deux mille milliards de Galaxies. Je vous laisse estimer le nombre de planètes…


Et dieu dans tout ça ?

    Revenons à Dieu. Vous avez-vu ? Je lui ai même mis une majuscule !

    Vous croyez sincèrement que ce dieu tout puissant qui selon vous a créé l’univers, c’est-à-dire des milliards de mondes tournoyant à de folles vitesses dans un univers qui ne cesse de s’étendre ; vous croyez vraiment qu’un beau jour ce dieu extraordinaire s’est penché sur notre minusculissime planète située en périphérie d’un soleil insignifiant qui s’est allumé il y a 4.603 milliards d’années ; vous croyez vraiment que ce dieu formidable est allé voir un gardien de chèvres dans le désert pour exiger de lui qu’il se coupe le prépuce, qu’il ne mange ni porc ni lapin et qu’il l’honore de sacrifices et de prières ? Sérieusement ????????????

    C’est ça l’idée que vous vous faites de Dieu ? Vraiment ? Je suis sincèrement désolé de vous dire cela, mais si un dieu créateur de tout cet univers existe, c’est vraiment lui faire bien peu d’honneur que de lui prêter des préoccupations aussi mesquines.


Une plus belle idée de Dieu.

    Epicure, le philosophe grec, se faisait une plus belle idée des dieux dont il ne niait d'ailleurs pas l'existence. Il disait de Dieu :

" Un être bienheureux et impérissable n'a pas d'embarras et n'en crée pas à autrui ; aussi n'est-il pas sujet à la colère, ni porté à la faveur ; ce sont là sentiments d'êtres débiles et imparfaits".

Il ajoutait :

"L'impie n'est pas celui qui nie les dieux de la multitude, mais celui qui applique aux dieux les opinions de la multitude."

Source :  https://www.persee.fr/doc/rea_0035-2004_1968_num_70_3_3819


 Conclusion

    En résumé, ne peut-on pas déduire que les athées refusent les dieux des religions parce qu'ils se font une idée plus grande et plus belle de la divinité ?

Les livres religieux devraient se trouver dans les rayons d'héroic fantasy ou de SF.


Désolé. 

    Désolé si je vous ai blessé dans votre foi. Je ne m'attaque pas aux croyants, mais aux religions qui font d'eux de perpétuels enfants sous la coupe terrible d'un père imaginaire. Si cela peut vous consoler, sachez que chaque jour qui passe, je suis affligé par le grand retour des religions, que je considère comme un véritable drame civilisationnel.

P.S. : Inutile de me menacer de l'enfer 😈, je sais qui l'a inventé et je sais que c'est une blague tragique destinée à terroriser les malheureux crédules.





mercredi 5 juillet 2023

Vive l’indifférence à la différence !

 Article mis à jour le 28/10/2023 avec une magnifique chanson de Bigflo et Oli.

Vive l'indifférence à la différence.

    Une fois de plus je vais défendre un point de vue « différent », une idée allant totalement à l’encontre de ce que nous fournit le « prêt-à-penser » actuel. Mais vous allez voir, c’est empreint de bienveillance et c’est vraiment pour la bonne cause !

    Depuis des décennies, les différences entre les êtres humains ont été valorisées, et ce, pour des raisons fort louables, dont celles des indispensables luttes contre le racisme, l’homophobie, sans oublier celles pour le droit des femmes.

    Stop ! C’est trop ! C’est allé trop loin ! C’est même en voie de devenir dangereux, dangereux au point que cela risque de mettre à bas nos sociétés.

Faire société

    Pour faire société, c’est-à-dire, faire en sorte que des gens d’horizons variés souhaitent vivre ensemble, il est vital de mettre en avant ce qui les unit et non-pas ce qui les sépare. Vivre sous les mêmes lois ne garantit aucunement la réussite du contrat social ou du fameux « vivre ensemble ». Il faut plus. Il faut mettre l’accent sur ce que nous avons tous en commun.

    Il n’est bien évidemment pas question de nier les différences et encore moins de les combattre ! Non, je conseille plutôt d’en minimiser l’importance.

Diviser pour mieux régner. « Divide et impera » disaient les Romains.

    Diviser les gens en mettant en valeur leurs différences, voire en leur en inventant, a toujours été le meilleur moyen de régner sur les peuples. Sans me perdre dans des considérations politiques qui risqueraient de créer d’artificielles différences entre nous, il est évident que de tous temps, des luttes entre les pauvres ont ainsi été savamment organisées par les pouvoirs en places.

    Les fondateurs des archaïques religions savaient ce qu’ils faisaient lorsqu’ils inventèrent des différences, comme avec leurs fantaisistes interdits alimentaires. Refuser de partager le repas avec un étranger, parce que sa nourriture est impure et que par la même, lui aussi est impur, c’est créer la pire des différences, c’est la négation même de la civilisation. Mais paradoxalement, les religions ont malgré tout été un important facteur civilisationnel en inventant le commun d’un culte se voulant universel.

En effet, tout n’est pas noir ou blanc ! Même les états ont leur utilité ! La capacité de notre espèce à inventer des réalités imaginaires, comme les tribus, les peuples, les nations, les religions, nous a permis de créer de vastes groupes sociaux allant au-delà de la centaine d’individus que sont capables de penser nos cousins les singes ! Le secret de la réussite de notre espèce ? C’est celui d’arriver à nous penser justement comme une espèce, l’espèce humaine ! Et ce même si les paléoanthropologues actuels mettent l’accent sur les différentes espèces humaines desquelles la nôtre est issue.

Prenons garde !

    Affirmer et valoriser les différences entre les êtres humains, c'est inconsciemment ouvrir la porte à la bête immonde du racisme ! En effet si vous admettez qu'il y a des différences entre les êtres humains, des lois seront créées pour renforcer ces différences. Des lois différentes pour des êtres humains prétendument différents, ai-je besoin de vous expliquer ou cela mènera ? Souhaitez-vous vraiment l'instauration d'un nouvel apartheid ? Les défenseurs forcenés du communautarisme jouent avec un feu qui risque de les brûler un jour...

Faisons fi de nos différences !

    Vous ne priez pas la même divinité ? Vos goût alimentaires (ou vos interdictions) ne sont pas les mêmes ? Vous ne vous habillez pas de la même façon ? Vous ne conduisez pas du même côté de la route dans votre pays ? Vos goûts amoureux sont différents ? Franchement ça me laisse totalement indifférent ! Mais alors à un point que vous n’imaginez même pas !!!

Comment réparer les dégâts ?

    Comment surmonter ces murailles de différences, alors que tant d’efforts ont été faits pour les ériger, souvent au nom de justes causes ? Que pouvons-nous encore partager autour d’une table alors que nous avons atteint le sommet des interdictions et phobies alimentaires ? Le pain s’il est sans gluten ? L’eau si elle est minérale, avec ou sans bulles ? Ça ne va pas être facile, mais nous pouvons y arriver. 

    Nous ne sortirons un jour de toutes nos impasses civilisationnelles que si nous arrivons à penser l’humanité unie.

Le beau et l’amour ?

    Que partageons-nous vraiment universellement en commun ? 

    Le goût du beau ? Comme l’affirmait Emmanuel Kant dans son ouvrage "Critique de la faculté de juger" publié en 1790 : « Le beau est ce qui plaît universellement sans concept. »

    La capacité d'aimer ?...

Je vous laisse réfléchir à tout cela…

Merci de votre lecture

Fraternellement,

Bertrand Tièche


Mise à jour du 28 octobre 2023.

    Je sais que j'écris dans le vent et que la trace que je laisse est plus éphémère que la bave d'un escargot sur une feuille.

    Je sais néanmoins que je ne suis pas tout seul à penser dans mon coin et c'est avec un grand bonheur que j'ai découvert cette chanson de Bigflo et Oli, intitulée "Sacré bordel". Ils ont promené leur mini studio partout en France pour la chanter. Rien n'est perdu si deux jeunes comme eux existent.

    Je vous mets au défi de ne pas refouler au moins une larme en voyant cette vidéo miraculeuse...

    Merci à Janine qui me l'a fait découvrir via Facebook.




jeudi 1 juin 2023

Développement personnel ? Assommons les pauvres !

 

    En janvier 2013, j’avais rédigé sur Transitio un article très documenté sur les bienfaits de la pensée négative :"Soyez négatifs, mettez-vous en colère. Vous vivrez heureux et longtemps". (Quel beau titre ! 😉). La vague montante de la pensée négative et son cortège de niaiseries sucrées m’inquiétait déjà à l'époque, mais je ne m’y étais pas vraiment attaqué.

Cliquez sur l'image pour accéder à cet article "collector"


Laissons faire une pro ! (Pour attaquer les escrocs)

    La docteure en philosophie, Julia De Funès, a publié en 2021 un excellent livre intitulé « Développement (im)personnel : le succès d’une imposture », dans lequel elle démonte avec art l’escroquerie que constitue ce courant de pensée (pensée positive, bien sûr).

Julia De Funès

    Son livre constitue une bouffée d’air frais, au milieu des vapeurs enivrantes et abrutissantes distillées par les non-livres publiés à profusion sur le thème du développement personnel par des légions de coachs et autres maîtres, gourous ou sages d’opérettes, qui prétendent proposer des « outils concrets et utiles » permettant aux gens de s’accomplir personnellement.

Le fléau des coachs.

    La plupart de ces quidams ont une culture de niveau élémentaire et n’ont jamais lu un livre de philosophie, ni même de psychologie ! Mais pourquoi le feraient-ils ? Puisque dès qu’ils se sont autoproclamés « coachs » (voire experts, consultants ou maîtres), des milliers de malheureux égarés affluent avec leur argent durement gagné pour bénéficier de leurs conseils de grands-mères.



La montagne qui cache la source.

    Ces bonimenteurs et leurs montagnes de pseudos-livres constituent autant d’obstacles à un accès salvateur à la philosophie, véritable source de savoir et de bien-être. Pour accéder à un bonheur simple, ou plutôt à la paix (car le bonheur est fugace), mieux vaut lire le petit manuel d’Epictète ou les simples préceptes d’Epicure , que de se tartiner les âneries des Quatre accords toltèques, la sagesse à 2 sous de l’illuminé Matthieu Ricard, ou l’inénarrable « La puissance de la joie » du pathétique Frédéric Lenoir. Je suis sévère, je le reconnais, car je n'ai pas choisi les pires. Il y a en effet de vrais neuneus, bêtes à manger du foin, qui publient des "livres" à mourir de rire, sans parler de leurs vidéos !


Vases communicants (le niveau baisse)

    Curieusement, plus le niveau d’instruction baisse, plus les gens se tournent vers ces faiseurs de bonheur. Il n'y a rien d'étonnant à cela, l'école ne satisfait plus le désir d'apprendre, tant elle se préoccupe de fabriquer des citoyens idéalisés. Mais le désir de comprendre le monde et même sa propre vie, est toujours là. L'école n'apprend pas apprendre. Les moyens de s'instruire et s'informer se sont multipliés mais on n'apprend pas aux élèves à les utiliser, 

    L'esprit critique, ça s'apprend ! Comme il n'est jamais trop tard pour apprendre, je vous conseille de lire mon article intitulé : "Savez-vous lire les camemberts ?"

A lire absolument !

    Je plains de tout mon cœur les malheureux qui s’égarent et se perdent dans les marécages de la pensée positive et qui se ruinent en achats de livres, stages, formations, etc. Ce ne sont pas eux que l’on doit condamner, leur besoin de s’épanouir est légitime. Quant aux coachs, que dire de ces sages de foire dont certains doivent croire vraiment à leurs âneries ? Ne sont-ils pas eux-mêmes de malheureux produits de notre société malade ? Certes, mais ils profitent de la faiblesse des plus faibles ! Je préfère donc me moquer d’eux, ce qui est déjà fort charitable de ma part.

Citation, commune à Matthieu Ricard et Henri Ford


La puissance de la joie est accessible à tous !

Encore le Capitalisme ?

    Julia De Funès fait remonter la mode du développement personnel aux années 70 aux USA. C’est vrai que le New Age a commencé à sévir vraiment à partir de ces années-là, avant d’être "théorisé" par Marylin Ferguson dans son livre Les Enfants du Verseau publié en1980. 

    Il est vrai que cette période correspond également avec l'effondrement de nombre d'idéologies ou religions qui avaient le mérite de donner des réponses simples aux questions existentielles.

    On peut néanmoins se demander si cette sous-pensée ne remonte pas à plus loin. Certains prétendent qu’elle constitue l’un des outils d’asservissement du capitalisme (donner des faux savoirs et des fausses réponses aux personnes les plus curieuses). Cette énième accusation versée à l’encontre du capitalisme n’est peut-être pas si exagérée que ça ! Il suffit de lire les premières phrases du poème de Charles Baudelaire « Assommons les pauvres » composé entre 1864 et 1865 et publié en 1869, pour avoir un début de confirmation de cette accusation.

Lisez plutôt…

ASSOMMONS LES PAUVRES !

Pendant quinze jours je m’étais confiné dans ma chambre, et je m’étais entouré des livres à la mode dans ce temps-là (il y a seize ou dix-sept ans) ; je veux parler des livres où il est traité de l’art de rendre les peuples heureux, sages et riches, en vingt-quatre heures. J’avais donc digéré, — avalé, veux-je dire, — toutes les élucubrations de tous ces entrepreneurs de bonheur public, — de ceux qui conseillent à tous les pauvres de se faire esclaves, et de ceux qui leur persuadent qu’ils sont tous des rois détrônés. — On ne trouvera pas surprenant que je fusse alors dans un état d’esprit avoisinant le vertige ou la stupidité.

Il m’avait semblé seulement que je sentais, confiné au fond de mon intellect, le germe obscur d’une idée supérieure à toutes les formules de bonne femme dont j’avais récemment parcouru le dictionnaire. Mais ce n’était que l’idée d’une idée, quelque chose d’infiniment vague.

 Poème complet sur : https://fr.wikisource.org/wiki/Assommons_les_pauvres_!

Nouvelle religion ?

    Tout le fatras psycho-spirito-managérial de ce mouvement ne s'apparente-t-il pas à une sorte de nouvelle religion. La nature ayant horreur du vide, l'effacement des religions favorisant l'apparition de ce nouveau cadre de pensée (et de soumission) ?

    Comparer un coach à un curé me semble malgré tout un peu rapide. C'est faire fi des années d'études en théologie du curé et du cadre intellectuel (et dogmatique) imposé par sa hiérarchie. Vous pouvez en effet devenir coach après 3 jours de formation et la lecture d'un pseudo livre compilant les devises de l'Almanach Vermot. Je comparerai donc plutôt le coach à un pasteur, puisque la version dévoyée américaine du protestantisme, permet à n'importe quel neuneu de fonder sa propre église et de se déclarer ministre du culte. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si cette mode du développement personnel vient des USA, un pays ou le niveau d'instruction a drastiquement diminué il y a déjà longtemps et où l'esprit religieux reste très fort présent.


Conclusion ? 

    Il semble donc se confirmer que les théories fumeuses du développement personnel, ne sont donc pas destinées à nous éveiller, mais plutôt à nous assommer.

 

P. S. : Contrairement à mes mauvaises habitudes, j’ai essayé d’écrire un article court. Si le sujet vous intéresse, achetez le livre de Julia De Funès et/ou regardez la vidéo ci-dessous.

 

Voici la présentation de son livre ou plutôt « la quatrième de couverture » :


Comment se « développer » quand on est sans cesse « enveloppé » par des coachs ? Comment le développement serait-il « personnel » quand guides et manuels s'adressent à chacun comme à tout autre ? La philosophe Julia de Funès fustige avec délectation les impostures d'une certaine psychologie positive. « L'authenticité en 5 leçons », « La confiance en soi : mode d'emploi », « Les 10 recettes du bonheur »... Les librairies sont envahies d'ouvrages qui n'en finissent pas d'exalter l'empire de l'épanouissement personnel. Les coachs, nouveaux vigiles du bien-être, promettent eux aussi sérénité, réussite et joie. À les écouter, il n'y aurait plus de « malaise dans la civilisation », mais une osmose radieuse. Nous voici propulsés dans la « pensée positive » qui positive plus qu'elle ne pense ! C'est le non-esprit du temps. Pourquoi le développement personnel, nouvel opium du peuple, rencontre-t-il un tel engouement ? Sur quels ressorts psychologiques et philosophiques prend-il appui ? L'accomplissement de soi ne serait-il pas à rechercher ailleurs que dans ces (im)postures intellectuelles et comportementales ? Pour lutter contre la niaiserie facile et démagogique des charlatans du « moi », Julia de Funès propose quelques pépites de grands penseurs. Si la philosophie, âgée de 3000 ans, est toujours là, c'est qu'en cultivant le point d'interrogation, elle développe l'intelligence de l'homme, fait voler en éclats les clichés et les lourdeurs du balisé, et permet à chacun de mieux affirmer sa pensée et vivre sa liberté. L'esprit n'est jamais mort, la réflexion ne rend pas les armes, une libération est toujours possible !


Et voici la vidéo !



Un dernier conseil !

    Mais si vous avez encore du temps, n’oubliez pas de lire mon article de 2013 sur les bienfaits de la pensée négative !


Oups ! J'allais oublier ce "vraiment dernier" conseil !

    Faites attention à qui vous parlerez éventuellement de cet article et réfléchissez bien avant de le partager sur Facebook. Vous risqueriez en effet de perdre des amis chers ! C'est presque aussi dangereux que de dire à la fin d'un repas que l'homéopathie est une escroquerie !

Je vous aurais prévenus. 😇

    Pour vous donner une idée de ce qui peut vous arriver, j'ai détourné ce célèbre dessin de Caran d'Ache à propos de l'affaire Dreyfus, intitulé "Le dîner en famille"... 😉




Bertrand Tièche vous remercie de votre lecture 😉