5 avril 2011, une date à marquer d’une pierre blanche !
(Même si ce courageux discours n'avait pour but que de justifier une fois de plus le mirage de l'énergie nucléaire).
Voici plusieurs années que je lis régulièrement divers documents - certains de sources officielles - traitant de la fin du pétrole et de la transition énergétique (1) ; mais ce sujet n’est évoqué que très rarement dans les médias.
Il ne fait l’objet d’âpres débats, qu’au sein de milieux dits « bien informés ». Les journalistes, comme la plupart des politiques, vivent dans la même bulle merveilleuse que les économistes, un monde virtuel sans limites aucunes, aux ressources inépuisables, et surtout voué à une sacro-sainte croissance infinie (Amen).
Mais ce mardi 5 avril 2011, notre premier Ministre François Fillon, a officiellement révélé ce lourd secret à l’Assemblée Nationale : « Nous avons, en 2009, atteint le pic de production en matière de pétrole, la production ne peut maintenant que décroître » a-t-il dit devant la noble assemblée.
Je ne sais pas d’où il tient cette date de 2009, puisque l’Agence Internationale de l’Energie a révélé l’an dernier que le pic de production avait été passé en 2006, mais peu importe la date précise, le pic de production, le fameux peak oil prédit par le Professeur Hubert en 1956 est arrivé.
Cette étonnante nouvelle a-t-elle fait la une de la presse ? Que nenni ! Il en faudra encore du temps avant que tout le monde comprenne ce que cela veut dire. Et pourtant, tous les faits majeurs de l’actualité s’inscrivent depuis des années dans cette perspective, depuis les guerres à répétition au Moyen-Orient, jusqu’aux mesures récentes prises pour réduire la vitesse des véhicules dans nos villes.
Alors oui, bien sûr, il y a d’autres rêveurs, les gentils charlatans du nucléaire qui depuis des décennies nous promettent l’énergie gratuite à profusion pour les siècles des siècles. Mais avouez que le rayonnement de leur rêve radieux commence à pâlir quelque peu depuis le temps.
Les écologistes seront-ils donc toujours condamnés à jouer le rôle ingrat de Cassandre prédisant la chute de Troie, sous les rires et les quolibets ?
Combien de personnes vont lire cet article ? Bien peu hélas, mais cela ne m'empêche pas de les remercier d’avoir pris le temps de le lire.
Mise à jour au 05/02/2022 : Bien sûr, la vidéo a disparu. Il ne nous reste que le texte reproduit ci-dessous.
Vous pouvez accéder aux archives du gouvernements dans lesquelles se trouvent le texte, en cliquant sur l'image ci-dessous.
Lien :
Monsieur le Président,Mesdames et Messieurs les Députés,Monsieur le député Brottes,Nous arrivons effectivement au moment où on va pouvoir comparer les programmes des uns et des autres, ça va être l’heure de vérité, et la première chose que vous devriez dire aux Français - si vous dites la vérité - c’est que nous sommes en face de tendances lourdes d’augmentations des coûts de l’énergie. Nous avons, en 2009, atteint le pic de production en matière de pétrole, la production ne peut maintenant que décroître, alors même que la croissance de l’économie mondiale a retrouvé un train de 4,5% ; l’accident, la catastrophe de Fukushima aura forcément des conséquences sur les investissements dans le monde en matière nucléaire ; et enfin, nous savons tous que les énergies renouvelables ont un coût très élevé et donc nous sommes en face de manière tendancielle d’une augmentation des coûts de l’énergie. Face à cette situation, on peut faire de la démagogie ou on peut répondre de manière sincère et pragmatique aux difficultés que rencontrent les Français. Nous sommes dans une phase de redémarrage de l’économie française, cette phase de redémarrage elle s’appuie pour l’essentiel sur la consommation, c’est la raison pour laquelle nous avons pris des décisions visant à freiner l’augmentation du coût de l’énergie pour ne pas handicaper les capacités des consommateurs Français. Oui ! L’électricité, qui aurait dû normalement augmenter de 5% au mois de juillet, n’augmentera que de 2,9% (1,7% qui correspond à l’inflation et aux investissements nécessaires sur le réseau de distribution et 1,2% qui correspond aux décisions que vous avez votées, que vous avez soutenues et souvent dont vous trouvez d’ailleurs qu’elles ne sont pas suffisantes pour financer les tarifs sociaux et pour financer le surcoût de la vente de l’électricité provenant des énergies renouvelables à EDF). Quant au gaz, nous avons décidé de mettre un coup d’arrêt à une augmentation qui aurait dû être de 7,5% au mois de juillet prochain, il n’y aura pas d’augmentation du gaz pendant un an et nous allons renégocier le contrat de service public qui lie l’Etat à Gaz de France Suez pour revoir notamment la formule de calcul. Enfin, s’agissant de la taxation sur les entreprises pétrolières, Monsieur Brottes, vous avez juste oublié que nous l’avons déjà pratiquée à plusieurs reprises pour financer la prime à la cuve, c’est une décision que nous reprendrons cette année, mais cette fois-ci pour venir en aide à tous les professionnels qui roulent beaucoup et qui, du fait de l’augmentation du prix de l’essence, sont handicapés dans leur activité professionnelle. Mesdames et messieurs les députés, au moment où le Parti Socialiste nous annonce qu’il est converti à la sortie du nucléaire, les propos de Monsieur Brottes sonnent comme des propos électoralistes qui n’ont aucun fondement en économie.
Note (1) : Nous vous recommandons de visiter le site de Matthieu Auzanneau qui présente un dossier complet sur le sujet : http://petrole.blog.lemonde.fr/peak-oil-le-dossier
Vous pouvez également lire cet article : "Transition énergétique, le double langage des élites".
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