Cet article avait été publié initialement sur l’ancien site de la commission énergie EELV, en réaction à une émission diffusée sur France 5 par l’émission « C dans l’air », le 1er juin 2011. Je garde en souvenir "ce grand moment de télévision" sur Transitio.
Le titre de cette émission était : "Nucléaire, Merkel capitule".
Cela semble-t-il fait toujours frémir un peu certains français d’imaginer une nouvelle capitulation de l’Allemagne ! (Enfin bon, Yves Calvi s’est excusé de ce titre maladroit).
Le but de cette émission était d'expliquer aux français traumatisés par la nouvelle, pourquoi l'Allemagne, première puissance industrielle en Europe, avait pris la décision de sortir du nucléaire !
Nous avons pu ainsi nous faire une idée de la confusion dans laquelle peut se trouver actuellement un honnête citoyen français, gavé de propagande pronucléaire depuis l’enfance !
Mais surtout, surtout, nous avons eu droit à la représentation de l’un de ces fameux « clowns tristes » du lobby nucléaire, qui nous a ébloui en exécutant avec art son numéro bien rodé de propagande !
En effet, M. Francis Sorin, responsable du "Pôle Information" de la célèbrissime "Société Française d'Energie Nucléaire" était présent.
C’est le même Francis Sorin qui le 4 décembre 2004 "s’insurgeait contre la rumeur" concernant les conséquences de Tchernobyl en France. On commençait en effet à se rendre compte à l’époque que Tchernobyl avait peut-être fait plus de victimes que les 31 morts déclarés en 1986 et les 25.000 liquidateurs officiellement décédés depuis.
A propos, avez-vous lu sur le site notre article sur le bilan de Tchernobyl revu très largement à la hausse ? Le voici : L'impact deTchernobyl revu à la hausse.
Et le terrible rapport de l’académie des sciences de New-York ? Il se trouve ici : Rapport de l'académie des sciences de New-York.
Mais revenons à notre mouton !
L’essentiel dans le nucléaire, c’est le « mentir vrai » plus c’est gros plus ça passe, selon l’expression à la mode actuellement.
En effet, lorsque ce pauvre M. Sorin s’est vu opposé l’argument selon lequel la France n’était pas indépendante énergétiquement grâce au nucléaire, et ce, tout simplement parce que les mines d’uranium se situent à l’étranger (Kazakhstan, Niger, Namibie, Australie, Canada), celui-ci nous a gratifié d’un sophisme qui nous a laissé pantois. Le voici : « Les mines d’uranium situées à l’étranger ont été achetées par AREVA et sont sa propriété. Donc l’indépendance de la France est garantie ! ».
Toujours les 2 même questions se posent lorsque l’on entend ce genre d’argument. Le type est-il stupide, ou nous prend-t-il pour des imbéciles ?
Notre ami Yves Cochet qui était lui aussi invité à ce débat, a vraiment été bon prince de ne pas s’esclaffer. Il s’est contenté de lui répondre gentiment que les compagnies pétrolières elles aussi étaient propriétaires des puits qu’elles exploitent. Et pourtant, pour ce qui est du pétrole, tout le monde est bien conscient des risques qui résultent des "caprices" des pays producteurs de la sainte huile noire et de l'épuisement prochain de celle-ci !
Voir ci-dessous les rapports de l’armée américaine et de l’armée allemande (Cliquez sur les images).
Depuis des années on nous ressort le coup de l'indépendance apportée par le nucléaire. Peut-on rappeler "pour mémoire" que non seulement notre uranium vient de l'étranger, mais que de plus 54 des 58 réacteurs nucléaires français ont été construits sous licence américaine Westinghouse et que pendant les années 80 les emprunts d'EDF sur les marchés extérieurs étaient supérieurs à la dette extérieure nette de la France ? Peut-être même pourrions-nous même évoquer de quelle dangereuses manières certains emprunts ont été contractés et avec qui ? Voir notre article sur l'assassinat de Georges Besse.
Mais non, dans le monde du nucléaire, ce n’est pas pareil, tout est différent ! La logique des simples mortels n’y a plus cours. C’est comme un monde parallèle !
Le nucléaire c’est comme ça depuis le début !
Comme l’a rappelé Cécile Duflot lorsqu’elle était interviewée à son tour dans le cadre de l'émission, le nucléaire repose sur trois mensonges fondateurs.
- Le mensonge de son faible prix,
- le mensonge de l’indépendance énergétique
- le mensonge de sa sécurité.
Oui mais voilà, le nucléaire fait fi des honnêtes arguments de ses opposants. Sa parole est sainte et ses mystères impénétrables. Le discours de ses grands prêtres est de nature performative, c’est-à-dire que l’action est réalisée par le fait même de son énonciation. Il suffit de dire que cela est bien pour que cela le soit...
Ce sont ces gens-là qui font fonctionner nos centrales nucléaires. La plupart croient sincèrement à ce qu’ils disent. Un ingénieur du nucléaire croit dur comme fer à la perfection des schémas et des calculs des process industriels qu’il a la charge de réaliser. Il est convaincu que l’apparente perfection de son raisonnement se trouvera parfaitement traduite dans la réalité. Il ignore tout des modes de pensés différents qui viendront imposer leurs propres réalités : du contrôleur fatigué qui validera par lassitude une soudure imparfaite réalisée par un sous-traitant estonien, au commercial sans scrupules qui achetera 1000 vannes d'un "pays très lointain" dont les certificats matière seront faux (et j’en passe…).
Pour reprendre en l’inversant le célèbre aphorisme de Korzybski, chez ces gens-là, "la carte c’est le territoire !"
Voilà pourquoi ces inquiétants démiurges manient les sophismes avec un tel aplomb.
Autrefois, les mêmes nous auraient fait brûler vifs comme hérétiques devant Notre Dame, pour avoir critiqué la sainte parole.
Contentons-nous de leur répondre poliment et avec patience comme l’a fait Yves Cochet lors de ce débat.
Le temps est venu de l’écologie et comme disait Victor Hugo : « Rien ne peut arrêter une idée dont le temps est venu ».
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