lundi 20 mai 2013

Alerte de Bernard Laponche : L’uranium a disparu ! (du bilan énergétique de la France)



Dans la série :"Le monde merveilleux du nucléaire français" 😉


    J’éprouve la plus grande estime pour Bernard Laponche que j’ai eu la chance de rencontrer lors de mon passage à la commission énergie des Verts (Oui, je sais...). Il avait eu la gentillesse de venir à Boulogne Billancourt donner une conférence sur la transition énergétique.

    Je vous recommande de lire son dernier livre : "En finir avec le nucléaire, pourquoi et comment" qu’il a écrit avec Benjamin Dessus.

    Bernard Laponche et Benjamin Dessus sont tous deux membres fondateurs de l’association de scientifiques et d’experts Global Chance. Chaque fois que j’en ai l’occasion, je ne manque pas de faire écho sur Transitio de leurs communiqués.

Bernard Laponche



Bernard Laponche est également membre fondateur d' "Energie Partagée Association" (EPA) ou il représente l'association Les amis d'Enercoop.

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    Bref ! Pour toutes ces bonnes raisons, je ne pouvais manquer d’attirer votre attention sur cet article que vient de publier Bernard Laponche sur son blog de Médiapart.


    Dans ce court article, Bernard Laponche nous explique comment l’uranium à disparu du très officiel Bilan énergétique de la France. Vous y apprendrez comment la quantité de chaleur produite par le réacteur, est qualifiée d’énergie primaire, au même titre que d’autres énergies primaires comme le pétrole ou le gaz. Et hop, on ne parle plus des 1000 tonnes d’uranium utilisées chaque année ! Vous y apprendrez même que cette chaleureuse énergie primaire est qualifiée de Nationale ! Evidemment, puisque produite sur "le sol sacré de la glorieuse mère patrie !"

    Bernard Laponche est un gentleman, je puis vous l’affirmer. Raison pour laquelle il se limite dans son article, à quelques flegmatiques remarques et vous laisse tirer des conclusions. Ce serait tellement facile d’enfoncer le clou dans la pancarte de l’indépendance énergétique, en rappelant que l’uranium, la véritable énergie primaire faisant fonctionner nos centrales nucléaires est totalement importé.


    Si vous voulez en savoir plus sur le nucléaire français, je vous conseille bien sûr de visiter le site de Global Chance, ou celui du très documenté Réseau Sortir du Nucléaire, mais vous pouvez aussi feuilleter cette jolie brochure d’EdF intitulée : "Le cycle du combustible nucléaire utilisé dans les centrales d’EdF". Il faut bien sûr savoir un peu lire entre les lignes. Mais on peut y lire tout de même (page 5) que : "EDF a choisi de diversifier son approvisionnement en uranium auprès de différents fournisseurs situés dans plusieurs pays du monde : le Kazakhstan, le Canada, l’Australie ou encore le Niger."


Si la note disparait, la voici sauvegardé sur Transitio.

    Le Niger ? Cela ne vous dit rien ? Lisez plutôt cet article de Transitio : "Au Niger, l’uranium est français. Et au Mali ? Y a bon Areva !"





    Vous découvrirez aussi comment nos ingénieux ingénieurs du nucléaire français ont inventé le MOX, une autre petite merveille fabriquée par AREVA à partir du plutonium et de l’uranium appauvri. Les 120 tonnes de MOX produites chaque année permettent d’économiser 120 tonnes d’uranium.

Le MOX, ça ne vous dit rien ? L’Agence Internationale à l’Énergie Atomique (AIEA) a classé le MOX comme un matériau "directement utilisable" pour la fabrication d’armes nucléaires. 

Sauvegarde sur Transitio.

    Le MOX, souvenez-vous, ce combustible qui a fait si peur au moment de la catastrophe de Fukushima ! Le MOX, pour lequel AREVA a fait modifier par le PS son accord pré-électoral avec EELV ? (Il faut dire que le nucléaire et le PS, c'est un beau conte de fées).



Vous apprendrez aussi en page 5 de cette jolie brochure d'EdF, que : 
"Les ressources en uranium connues à ce jour permettent de garantir l’approvisionnement de toutes les centrales nucléaires existantes dans le monde pour les 100 prochaines années. Les besoins en uranium naturel d’EDF représentent 15% du marché mondial."

    Mais n’en tirez pas de conclusions hâtives, car l’énergie nucléaire ne représente que 5.7 % de l’énergie primaire utilisée dans le monde !

    C'est donc comme si EDF écrivait noir sur blanc que le nucléaire n'a aucun avenir, car 100 ans de 4.8%, c'est 100 ans de presque rien ! Ce n'est pas cette fatale énergie qui solutionnera la crise énergétique en cours.





Encore une intro trop longue !


    Bon, comme vous pouvez le constater, je ne sais pas faire court. Je mets donc ici un terme à ma trop longue introduction et je laisse la parole à l’expert, Bernard Laponche.
Par respect pour lui et pour l’indispensable journal Médiapart (dont je suis un abonné), je vous recommande bien sûr de lire l’article sur le site de Médiapart en cliquant sur le lien suivant : L’uranium a disparu !


13 mai 2013 Par Bernard Laponche

Depuis près d’un demi-siècle, le fer de lance de la politique énergétique de la France est la production d’électricité d’origine nucléaire : dix-neuf centrales équipées de cinquante-huit réacteurs nucléaires assurent 75% de la production d’électricité du pays.

Un réacteur nucléaire produit de la chaleur par la combinaison de la fission et de la réaction en chaîne dans les éléments combustibles, initialement constitués d’oxyde d’uranium. Cette production de chaleur permet de produire de la vapeur, puis de l’électricité grâce à un turboalternateur, par un cycle thermodynamique. L’électricité d’origine nucléaire est donc produite par une centrale « thermique » tout à fait comparable dans son principe à une centrale à charbon. Dans ce dernier cas, la chaleur est produite par la combustion du charbon, dans le cas d’un réacteur nucléaire (que l’on appelle aussi souvent « chaudière nucléaire »), elle est produite à partir de la fission dans les éléments combustibles : la matière première de la production d’électricité d’origine nucléaire est l’uranium. Le rendement d’une « tranche nucléaire » (réacteur + turboalternateur) est de 33% (33 kWh d’électricité produits à partir de 100 kWh de chaleur produite dans le réacteur).

Quoi de plus naturel pour qui veut se renseigner sur ce fleuron de l’industrie énergétique de la France que de consulter le document de référence en la matière : le Bilan énergétique de la France pour 2011, publié en juillet 2012 dans la collection Références du Commissariat général au développement durable.

Ce document, gros de quatre-vingt-quatorze pages, fournit des informations extrêmement détaillées sur le charbon, le pétrole, le gaz naturel, les énergies renouvelables et les déchets, sources primaires de la consommation d’énergie en France. On y trouve les quantités consommées et leur évolution, les prix, les stocks, les pays de provenance, souvent de façon très détaillée, etc. Mais, ô surprise, la source primaire « uranium » ne figure pas dans cette présentation (1). Non seulement l’uranium n’apparaît pas, mais pas non plus (pas une fois) la dénomination « réacteur nucléaire ». Quant à la « centrale nucléaire », on ne la trouve mentionnée qu’une fois, en page 84, en annexe, pour expliquer la façon dont l’électricité produite par une centrale nucléaire est comptabilisée dans le bilan énergétique. Du coup, aucune information n’est fournie sur les quantités consommées et les stocks d’uranium, les pays d’origine (la totalité est importée), les implantations des centrales sur le territoire, les activités industrielles d’enrichissement de l’uranium, de retraitement des combustibles irradiés, les quantités de déchets radioactifs et leur stockage, etc.

Que l’on se rassure : ces disparitions ne sont pas sans raison. Puisque l’on a fait disparaître la véritable source primaire, cela permet sans rougir de présenter la quantité de chaleur produite dans le réacteur comme énergie primaire (2) et de la comptabiliser comme une énergie « nationale ». Le tour est joué et on nous présente un « taux d’indépendance nationale », rapport de la production nationale primaire à la consommation primaire totale, de plus de 53,5%! Mais l’uranium est totalement importé, comme l’est la quasi-totalité des trois combustibles fossiles, soit au total environ 90% de la consommation d’énergie primaire. Par conséquent, avec la même définition du taux d’indépendance, celui-ci n’est que de 9,1%. De fait, c’est la notion même d’un « taux d’indépendance énergétique » qui est n’a guère de sens. L’utilisation d’un indicateur unique est beaucoup trop simplificatrice et l’appréciation de la sécurité énergétique doit être plus subtile, multicritère et analysée pour chaque source d’énergie et ses usages.

Serait-ce que l’utilisation de l’uranium est incompatible avec le développement durable ?

L’uranium : le vice caché du bilan énergétique français ...

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(1) Pour être plus exact, on ne trouve le mot « uranium » que deux fois, dans les rubriques relatives à la consommation d’électricité, où il est mentionné que la consommation d’électricité de la branche énergie comprend la « consommation nécessaire pour enrichir l’uranium » (page 41) et dans les notes de bas de page des tableaux des bilans énergétiques et électriques (page 61 et suivantes), avec la même explication. Le lecteur qui s’apercevrait de cette mention serait bien étonné de voir apparaître cet « enrichissement de l’uranium » alors qu’on ne parle pas du tout d’uranium dans tout le rapport.
(2) Et en plus appelée « électricité primaire », ce qui est une autre supercherie.



dimanche 12 mai 2013

Soyons aussi bons que les rats, (par-delà bien et mal)

Article mis à jour le 27/09/2024

Dans la série : "Transitio se pose des questions essentielles".



    Mon regard s’est arrêté plusieurs fois ces deniers temps (mai 2013), sur la couverture de Philosophie Magazine, posant la grave question de l’origine du mal...

(Je dédicace cet article à mon jeune collègue Mathieu, qui a lancé ce débat à la pause-café ;-)



En voilà une question !

    Le sujet peut sembler ambitieux, mais puisque Transitio a déjà répondu à des questions aussi essentielles que "Pourquoi l’argent rend-il égoïste et asocial ?" ou "Pourquoi les pauvres votent-ils contre leurs intérêts ?", pourquoi ne pas tenter de répondre à cette question terrible mais non moins essentielle "D’où vient le mal ?".

    Cette question est tellement énorme qu’elle me fait penser à cette autre question "D’où venons-nous et où allons-nous ?", à laquelle l’humoriste Pierre Dac répondait "Je viens de chez moi et j’y retourne". Mais je vais m’efforcer de traiter un sujet aussi grave avec un peu plus de sérieux.


Attention, terrain glissant !

    Pour bien débuter, peut-être faudrait-il d’abord définir ce qu’est le mal ? Mais ce faisant, on commence à s’aventurer sur un terrain glissant, celui du "jugement de valeur". Car il faut le savoir cher lecteur ou chère lectrice, ce qui peut être qualifié de "mal" à une certaine époque ou dans une certaine culture, peut être qualifié de bien dans une autre époque ou culture.

    Ouvrir la poitrine de 80.000 prisonniers avec un poignard de jade et jeter leurs cœurs palpitants dans des cratères de pierre pour fêter la construction d’une pyramide à Mexico, les Aztèques trouvaient cela "bien". Maintenant, j’espère que tout le monde conviendra que ça ne l’était pas.

    Autrefois, dans notre beau pays, lorsqu’une femme avait été violée et qu’elle souhaitait avorter parce qu’elle ne voulait pas garder le bébé, les bonnes âmes clamaient haut et fort que c’était mal. Qui de nos jours oserait encore dire cela ? (A part les neuneus intégristes, bien sûr)

    L’ennui avec le jugement de valeur, vous l’aurez compris, c’est que tout le monde, partout dans le monde, ne donne pas la même valeur aux choses et aux êtres. Certains sont par exemple intimement persuadés que débarquer à vélo au milieu d’un marché et se faire péter la ceinture d’explosifs, c’est "bien". D’autres sont absolument convaincus que gaver les gens de malbouffe industrielle, leur vidanger le cerveau avec des programmes TV débiles et les habiller comme des clowns, c’est répandre les bienfaits de la civilisation.
    Vous voyez, c’est compliqué. Et le pire c’est que si l’on forçait tout le monde à partager les mêmes valeurs, ça ne serait pas bien non plus, voire très très mal.



Attention, ne relativisons pas tout !

    Mais, me direz-vous, on ne peut pas tout relativiser, il y a bien des "méchants consensuels", du "mal absolu" ! Certes, vous répondrais-je, mais l’histoire montre combien de fois le "mal absolu" fut pris pour le bien. (Je vous conseille sur la lecture sur l'un de mes autres sites de cet article : "L'histoire, la vérité, le bien, le mal et toutes ces sortes de choses très relatives".)

    Cependant, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, je ne relativise pas tout (je suis un homme d'opinions). Il y a bien quelque chose, qui à mon humble avis ressemble au mal, mais pour en parler je préfère renoncer au jugement de valeur.

    J’ai été fortement impressionné par la lecture des ouvrages de Nietzsche et de Darwin, voici pourquoi je répugne à définir définitivement ce qui est bien ou mal, et surtout pourquoi je cherche à définir ce qui est bien, sous un autre angle, celui de l'évolution.

    En effet, si l’on se place dans l’optique de Darwin, on pourrait définir comme bien, ce qui est bien pour l’espèce. On pourrait même appeler cela "le bien commun". Par exemple, est-ce bien pour l’espèce humaine, de dégrader inexorablement son environnement et de transformer ses libres animaux penseurs en hordes de robots connectés à des écrans ? Mais cette interprétation, je suis d’accord avec vous, risquerait de réduire ce qui est bien à ce qui est utile, et ça, ce ne serait pas "bien". Car ce qui est beau, par exemple, n’est pas fondamentalement utile, c’est juste indispensable.

    Ah mais vous ne pensiez pas que cela serait si facile, non ?


Reprenons le fil...

    Mais je ne perds pas le fil de mon idée et je reviens à ma lecture évolutionniste. Elle m’aide à éviter les jugements de valeurs et je suis même sûr qu’il y a des explications évolutionnistes à presque tous nos comportements. Au fil de notre longue évolution, en effet, certains mécanismes comportementaux, plus efficaces et plus "utiles" que d’autres pour la conservation de notre espèce, ont été conservés, voire développés. S'il en est un qui est sûrement en rapport avec les notions délicates de bien et de mal, c’est bien celui que l’on qualifie d’empathie.


Au bout du labyrinthe, l'empathie...

  L’empathie est une notion désignant la faculté de "comprendre les sentiments et les émotions d'un autre individu". Il s’agit en fait de la capacité de "se mettre à la place de l’autre".
    Si vous êtes capable de comprendre ou de ressentir d’une certaine façon la douleur d’un tiers, il va de soi que vous devenez incapable de lui infliger cette douleur (ou que ce sera plus difficile). Les progrès vertigineux des neurosciences ont montré ces dernières années que si l’on assistait par exemple à une scène ou quelqu’un se coupe un doigt, les circuits neuronaux de la carte somato-sensorielle impliqués dans la douleur physique étaient activés dans notre cerveau.

    Mais alors comment se fait-il, me direz-vous, que le sentiment d’empathie ne soit pas aussi équitablement partagé ? D’où vient que certains soient aussi insensibles à la détresse d’autrui ?

    Hannah Arendt, puisque c’est d’elle et de son formidable travail dont traitait Philosophie Magazine à l’occasion de la sortie d’un film ; Hannah Arendt pensait que l’absence d’empathie qu’elle avait constatée sur Eichmann, le bourreau nazi, résultait d’une absence de pensée et de l’usage constant de stéréotypes et de clichés.
 
    Celui qui ne pense pas, perd sa capacité de jugement et par la même, perd son humanité. Il devient un robot.


Et les rats alors ? (Je vous rappelle que ce sont d'eux que parle cet article)

    Apprenez qu’un certain Russel M. Church a réalisé en 1959 une bien intéressante expérience de psychologie expérimentale, dans le cadre de ses études concernant l'apprentissage, la mémoire et les processus décisionnels des animaux.
    Il a en effet observé qu’un rat à qui l’on avait appris à appuyer sur un levier pour obtenir de la nourriture, arrêtait de s’alimenter s’il voyait que son action (appuyer sur le levier) était associée à la délivrance d’un choc électrique à un autre rat… 
(Church, R. M. (1959) Emotional reactions of rats to the pain of others. Journal of Comparative and Physiological Psychology, 52, 132-34.).

    Quand on pense que chez les humains, certains sont au contraire payés pour faire souffrir ou donner la mort ! Ces rats ne sont-ils pas étonnants ?
    Vous pouvez lire ce texte en anglais sur l'expérience de Church : Do Humans Alone 'Feel Your Pain ?

    Apprenez également que l'empathie est une faculté que l'on retrouve chez de nombreuses espèces animales, comme l'a prouvé l'éthologue Frans de Walle. Celui-ci explique dans la vidéo ci-dessous que nombre des facultés humaines préexistaient déjà chez nos ancêtres primates que nous avons en commun avec les singes !


Cette vidéo un peu plus longue est passionnante :



    Mais alors, qu'est-ce qui dans notre société humaine, nous ferait perdre peu à peu cette si indispensable empathie, encore si bien préservée dans la société des rats ?




Encore des questions ?!

    Qu’est-ce qui peu à peu nous ferait perdre cette faculté de penser ? Cette précieuse faculté qui fait de nous des humains ?

  Pourquoi en sommes-nous réduits à rechercher de la pensée ailleurs, en sondant l’espace par exemple ? Et quelle frénésie nous pousse à construire des intelligences artificielles et à rêver de robots presqu’humains, voire plus qu’humains ?




    Sommes-nous si fatigués de penser, au point que nous nous recherchions désespérément des remplaçants ?


Fatigués de penser où de souffrir ?

    Certains me répondront peut-être qu’ils sont fatigués de souffrir. Je peux comprendre cela. Moi-même, qui ne suis pourtant pas un saint, j'avoue que mon empathie me fait souffrir lorsque chaque matin, dans le métro qui me conduit au travail, je vois tous ces malheureux recroquevillés dans leurs insoutenable misère. La tentation est forte de ne plus y penser, pour ne plus souffrir ne serait-ce qu'une part minime, de leur souffrance. Mais fort modestement je tiens encore à mon humanité ainsi qu’à celle de tous ces miséreux chaque jour plus nombreux.


Choisissez !

    Hannah Arendt prétendait c’est par l’action que l’homme peut exprimer son unicité, son autonomie, sa liberté d’homme.

    Alors que choisissez-vous ? Être bons comme des rats, stupides comme des robots ? Ou rester tout simplement humains ?


Post scriptum :

    Une dernière idée me vient (après je vous laisse tranquille, c'est promis). Qu'adviendrait-il de l'empathie du rat pour ses congénères, si depuis sa plus tendre enfance, celui-ci était contrait de regarder des images de rats martyrisés ? Ne peut-on imaginer, que pour ne pas risquer de devenir fou de douleur, il serait obligé de s'habituer à la détresse de ses congénères et perdre ainsi sa généreuse empathie ? Heureusement pour les rats, ils n'ont ni la télé ni les jeux vidéo et ils n'ont aucune idée de l'existence des dératiseurs.
    Blague à part, ne peut-on se demander si notre exposition continue à la souffrance des autres que nous subissons au travers des médias nous diffusant des images violentes, ou de films dans lesquels la violence est même esthétisée, ne contribuerai pas à nous déshumaniser progressivement, ou plutôt à nous faire perdre notre empathie ?

Ne pourrait-on imaginer que la violence, autrement dit "le mal", soit contagieux ?

Alors que faire face, au formidable lobby de la violence ?


Amicalement (et humainement)


Bertrand Tièche