Dans la série :"Le monde merveilleux du nucléaire français" 😉
J’éprouve la plus grande estime pour Bernard Laponche que j’ai eu la chance de rencontrer lors de mon passage à la commission énergie des Verts (Oui, je sais...). Il avait eu la gentillesse de venir à Boulogne Billancourt donner une conférence sur la transition énergétique.
Je vous recommande de lire son dernier livre : "En finir avec le nucléaire, pourquoi et comment" qu’il a écrit avec Benjamin Dessus.
Bernard Laponche et Benjamin Dessus sont tous deux membres fondateurs de l’association de scientifiques et d’experts Global Chance. Chaque fois que j’en ai l’occasion, je ne manque pas de faire écho sur Transitio de leurs communiqués.
Bernard Laponche |
Bernard Laponche est également membre fondateur d' "Energie Partagée Association" (EPA) ou il représente l'association Les amis d'Enercoop.
Enercoop, la seule publicité que vous verrez jamais sur Transitio !
Bref ! Pour toutes ces bonnes raisons, je ne pouvais manquer d’attirer votre attention sur cet article que vient de publier Bernard Laponche sur son blog de Médiapart.
Dans ce court article, Bernard Laponche nous explique comment l’uranium à disparu du très officiel Bilan énergétique de la France. Vous y apprendrez comment la quantité de chaleur produite par le réacteur, est qualifiée d’énergie primaire, au même titre que d’autres énergies primaires comme le pétrole ou le gaz. Et hop, on ne parle plus des 1000 tonnes d’uranium utilisées chaque année ! Vous y apprendrez même que cette chaleureuse énergie primaire est qualifiée de Nationale ! Evidemment, puisque produite sur "le sol sacré de la glorieuse mère patrie !"
Bernard Laponche est un gentleman, je puis vous l’affirmer. Raison pour laquelle il se limite dans son article, à quelques flegmatiques remarques et vous laisse tirer des conclusions. Ce serait tellement facile d’enfoncer le clou dans la pancarte de l’indépendance énergétique, en rappelant que l’uranium, la véritable énergie primaire faisant fonctionner nos centrales nucléaires est totalement importé.
Si vous voulez en savoir plus sur le nucléaire français, je vous conseille bien sûr de visiter le site de Global Chance, ou celui du très documenté Réseau Sortir du Nucléaire, mais vous pouvez aussi feuilleter cette jolie brochure d’EdF intitulée : "Le cycle du combustible nucléaire utilisé dans les centrales d’EdF". Il faut bien sûr savoir un peu lire entre les lignes. Mais on peut y lire tout de même (page 5) que : "EDF a choisi de diversifier son approvisionnement en uranium auprès de différents fournisseurs situés dans plusieurs pays du monde : le Kazakhstan, le Canada, l’Australie ou encore le Niger."
Si la note disparait, la voici sauvegardé sur Transitio.
Le Niger ? Cela ne vous dit rien ? Lisez plutôt cet article de Transitio : "Au Niger, l’uranium est français. Et au Mali ? Y a bon Areva !"
Vous découvrirez aussi comment nos ingénieux ingénieurs du nucléaire français ont inventé le MOX, une autre petite merveille fabriquée par AREVA à partir du plutonium et de l’uranium appauvri. Les 120 tonnes de MOX produites chaque année permettent d’économiser 120 tonnes d’uranium.
Le MOX, ça ne vous dit rien ? L’Agence Internationale à l’Énergie Atomique (AIEA) a classé le MOX comme un matériau "directement utilisable" pour la fabrication d’armes nucléaires.
Le MOX, souvenez-vous, ce combustible qui a fait si peur au moment de la catastrophe de Fukushima ! Le MOX, pour lequel AREVA a fait modifier par le PS son accord pré-électoral avec EELV ? (Il faut dire que le nucléaire et le PS, c'est un beau conte de fées).
Vous apprendrez aussi en page 5 de cette jolie brochure d'EdF, que :
"Les ressources en uranium connues à ce jour permettent de garantir l’approvisionnement de toutes les centrales nucléaires existantes dans le monde pour les 100 prochaines années. Les besoins en uranium naturel d’EDF représentent 15% du marché mondial."
Mais n’en tirez pas de conclusions hâtives, car l’énergie nucléaire ne représente que 5.7 % de l’énergie primaire utilisée dans le monde !
C'est donc comme si EDF écrivait noir sur blanc que le nucléaire n'a aucun avenir, car 100 ans de 4.8%, c'est 100 ans de presque rien ! Ce n'est pas cette fatale énergie qui solutionnera la crise énergétique en cours.
Encore une intro trop longue !
Bon, comme vous pouvez le constater, je ne sais pas faire court. Je mets donc ici un terme à ma trop longue introduction et je laisse la parole à l’expert, Bernard Laponche.
Par respect pour lui et pour l’indispensable journal Médiapart (dont je suis un abonné), je vous recommande bien sûr de lire l’article sur le site de Médiapart en cliquant sur le lien suivant : L’uranium a disparu !
13 mai 2013 Par Bernard Laponche
Depuis près d’un demi-siècle, le fer de lance de la politique énergétique de la France est la production d’électricité d’origine nucléaire : dix-neuf centrales équipées de cinquante-huit réacteurs nucléaires assurent 75% de la production d’électricité du pays.
Un réacteur nucléaire produit de la chaleur par la combinaison de la fission et de la réaction en chaîne dans les éléments combustibles, initialement constitués d’oxyde d’uranium. Cette production de chaleur permet de produire de la vapeur, puis de l’électricité grâce à un turboalternateur, par un cycle thermodynamique. L’électricité d’origine nucléaire est donc produite par une centrale « thermique » tout à fait comparable dans son principe à une centrale à charbon. Dans ce dernier cas, la chaleur est produite par la combustion du charbon, dans le cas d’un réacteur nucléaire (que l’on appelle aussi souvent « chaudière nucléaire »), elle est produite à partir de la fission dans les éléments combustibles : la matière première de la production d’électricité d’origine nucléaire est l’uranium. Le rendement d’une « tranche nucléaire » (réacteur + turboalternateur) est de 33% (33 kWh d’électricité produits à partir de 100 kWh de chaleur produite dans le réacteur).
Quoi de plus naturel pour qui veut se renseigner sur ce fleuron de l’industrie énergétique de la France que de consulter le document de référence en la matière : le Bilan énergétique de la France pour 2011, publié en juillet 2012 dans la collection Références du Commissariat général au développement durable.
Ce document, gros de quatre-vingt-quatorze pages, fournit des informations extrêmement détaillées sur le charbon, le pétrole, le gaz naturel, les énergies renouvelables et les déchets, sources primaires de la consommation d’énergie en France. On y trouve les quantités consommées et leur évolution, les prix, les stocks, les pays de provenance, souvent de façon très détaillée, etc. Mais, ô surprise, la source primaire « uranium » ne figure pas dans cette présentation (1). Non seulement l’uranium n’apparaît pas, mais pas non plus (pas une fois) la dénomination « réacteur nucléaire ». Quant à la « centrale nucléaire », on ne la trouve mentionnée qu’une fois, en page 84, en annexe, pour expliquer la façon dont l’électricité produite par une centrale nucléaire est comptabilisée dans le bilan énergétique. Du coup, aucune information n’est fournie sur les quantités consommées et les stocks d’uranium, les pays d’origine (la totalité est importée), les implantations des centrales sur le territoire, les activités industrielles d’enrichissement de l’uranium, de retraitement des combustibles irradiés, les quantités de déchets radioactifs et leur stockage, etc.
Que l’on se rassure : ces disparitions ne sont pas sans raison. Puisque l’on a fait disparaître la véritable source primaire, cela permet sans rougir de présenter la quantité de chaleur produite dans le réacteur comme énergie primaire (2) et de la comptabiliser comme une énergie « nationale ». Le tour est joué et on nous présente un « taux d’indépendance nationale », rapport de la production nationale primaire à la consommation primaire totale, de plus de 53,5%! Mais l’uranium est totalement importé, comme l’est la quasi-totalité des trois combustibles fossiles, soit au total environ 90% de la consommation d’énergie primaire. Par conséquent, avec la même définition du taux d’indépendance, celui-ci n’est que de 9,1%. De fait, c’est la notion même d’un « taux d’indépendance énergétique » qui est n’a guère de sens. L’utilisation d’un indicateur unique est beaucoup trop simplificatrice et l’appréciation de la sécurité énergétique doit être plus subtile, multicritère et analysée pour chaque source d’énergie et ses usages.
Serait-ce que l’utilisation de l’uranium est incompatible avec le développement durable ?
L’uranium : le vice caché du bilan énergétique français ...
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(1) Pour être plus exact, on ne trouve le mot « uranium » que deux fois, dans les rubriques relatives à la consommation d’électricité, où il est mentionné que la consommation d’électricité de la branche énergie comprend la « consommation nécessaire pour enrichir l’uranium » (page 41) et dans les notes de bas de page des tableaux des bilans énergétiques et électriques (page 61 et suivantes), avec la même explication. Le lecteur qui s’apercevrait de cette mention serait bien étonné de voir apparaître cet « enrichissement de l’uranium » alors qu’on ne parle pas du tout d’uranium dans tout le rapport.
(2) Et en plus appelée « électricité primaire », ce qui est une autre supercherie.
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