Ou comment prendre de la distance par rapport à l'actualité.
(Il n'y a que sur Transitio que l'on trouve de tels articles !)
Après plusieurs mois de silence, je me hasarde à écrire de nouveau un article pour Transitio.
La décourageante question « A quoi bon ? » étant pour le moment écartée, je vais essayer
de ne pas trop rater mon retour en traitant d’un sujet, qui je l’espère, vous
apportera un peu de réconfort. Il y a malheureusement trop de sujets douloureux,
en cette passionnante mais aussi terrible période de transition (ou d’effondrement,
c’est selon mon humeur).
L’actualité est vraiment trop brûlante, trop effrayante, trop lassante !
Prenons
garde à l’actualité, méfions-nous d’elle. Curieusement, depuis quelques années, ce que nous appelons l'actualité, est devenue une sorte de machine à terrifier qui nous maintient en état de choc permanent...
D'ailleurs, rien ne vieillit plus vite qu’un
sujet d’actualité ! Nous sommes sur Transitio après tout ! Le but de ce
modeste site est principalement d’essayer (en toute modestie), de comprendre, d’analyser,
tout en évitant de juger. Je vous propose donc, au vu des circonstances, d’essayer de
prendre de la distance…
Où en sommes-nous ?
Le tableau n’est guère rassurant, sa toile se craquelle. Le
monde se fissure, toutes les institutions semblent sur le point de s’effondrer.
Tout le monde s’affole, nous commençons de paniquer, regardant hagards autour
de nous, les yeux remplis de peur, de colère ou de dégoût. Nous ne savons plus
comment, ou pire, nous ne voulons plus vivre ensemble ! Çà et là le contrat social
se déchire. Les outils conceptuels que patiemment nous nous étions forgés pour
comprendre le monde et y vivre, ne fonctionnent plus, tant celui-ci est devenu
compliqué. Mais est-il vraiment devenu plus compliqué ou bien le problème ne
viendrait-il pas du fait que nous sommes de plus en plus nombreux à prendre
conscience de sa complexité ? De plus en plus nombreux à réaliser, certes,
mais pas tous hélas, c’est peut-être là aussi que pourrait résider le problème.
Bienvenue dans le troupeau !
Comme vous, je me trouve au milieu du chaos, piégé au sein du troupeau. J’ai beau sauter comme un cabri, je n’aperçois pas d’échappatoire.
Nous semblons tous courir vers le haut d’une falaise du haut de laquelle
bientôt nous nous précipiterons en bêlant !
L’avenir n’est plus ce qu’il était.
Nos ancêtres s’étaient donnés tant de mal pour que nous
puissions nous ébattre dans les vertes prairies de cet avenir qui les faisait
rêver ! Peu à peu, au fil des siècles et des millénaires, lentement, patiemment,
confiants, ils avaient cheminé sur la voie du progrès, se débarrassant
progressivement des chaînes de l’ignorance et de la superstition. Nous étions
en droit d’espérer que lesdits ancêtres n’avaient pas rêvé en vain notre
avenir. Des civilisations étaient nées, avaient brillé un temps, puis s’étaient
éteintes, passant le flambeau à d’autres, qui elles aussi avaient marché sur le
long chemin du progrès. Nous ne craignons plus l’enfer, mais nous redoutons l’avenir.
Point d’étape (avec de vilains "on")
Nous sommes en 2016, tant de siècles d’histoire sont passés.
Et pourtant…
On tue encore et encore, au nom de divinités ridicules,
inventées en des époques lointaines par de pauvres hères incultes !
On croit encore ici et là que les femmes sont des êtres inférieurs
ou que les homosexuels méritent l’enfer !
On pense sincèrement qu’une croissance sans fin dans un
monde limité est possible et que la main invisible du marché réglera tous les
problèmes !
On se réuni par milliers dans des arènes immenses pour hurler
notre plaisir de voir des manchots athlétiques jouer à la baballe !
On se détourne des outils du savoir qui lui seul peut nous
libérer de nos déterminismes accablants.
On préfère la sécurité rassurante du
troupeau gardé par des loups, à une liberté qui nous fait peur car elle exige
de nous que devenions adultes et responsables.
Conclusion ?
Vous aviez compris, « ON » va mal...
Eh bien non ! Ce n’est pas la conclusion ! (Dixit
Nietzsche ?)
Eh bien non, c’est le moment idéal pour prendre de la
distance, car tout cela est déjà arrivé et arrivera encore. C’est la loi du
nombre qui rend la situation présente si impressionnante, car nous n’avons
jamais été si nombreux ! (Qu’est-ce que ce sera lorsque nous en serons au
niveau de l’empire galactique !). C’est notre incapacité de penser l’avenir
qui fait que nous ne concevons que l’apocalypse pour seul horizon.
Oui mesdames et messieurs, tout cela est déjà arrivé maintes
fois pendant le long voyage de l’humanité vers le progrès.
Faisons-nous une raison !
Nationalistes frileux et pathétiquement racistes, faites-vous
une raison. Une nation n’est qu’un arrangement momentané qui permet à des gens
de vivre en commun. Mais cet arrangement tient tant que ladite nation qu’ils
prétendent constituer est suffisamment homogène pour vouloir vivre ainsi. Que
des nouveaux arrivent, soit de l’intérieur (envie de vivre autrement suscitée
par le désir de progrès), soit de l’extérieur (les raisons sont si nombreuses),
et alors le contrat social se déchire. Une autre nation est alors à inventer.
Européens convaincus, faites-vous une raison, vous êtes à
présent trop nombreux à être convaincus de choses trop différentes, pour que le
château de cartes que vos banquiers ont commandé à vos politiciens puisse
encore tenir debout bien longtemps. N'écoutez pas ces clowns sinistres qui vous disent que le Brexit signifie la mort du Royaune Uni ! L'Angleterre, disparaître ! J'en ris encore !
Islamistes furieux, faites-vous une raison, tôt ou tard, vos
femmes écœurées de la peur que vous avez d’elles, réaliseront où se trouve leur
avantage et en tireront les bonnes conclusions.
Darwin vous expliquerait que votre comportement nuit à votre espèce,
raison pour laquelle vous devrez en changer si vous ne voulez pas disparaître trop vite de la tragi-comédie humaine que vous avez à cœur d’ensanglanter.
Américains naïfs, faites-vous une raison, un jour ou l’autre,
votre empire lui aussi s’effondrera. C’est probablement la bêtise dans laquelle
vos élites tentent de vous enfermer qui sera la cause de votre perte. Un
conseil ? Étudiez l’histoire et surtout si vous ne voulez pas que votre QI continue de s'effondrer, arrêtez de manger n'importe quoi ! (Lire :"Le quotient intellectuel diminue à cause de notre mode de vie".)
Quant à moi, naïf parmi les naïfs, peu importe que je
confesse mon rejet de la religion ou mon mépris envers le football. En effet, qu’une
religion disparaisse quelque part et une autre naîtra ailleurs sur le fumier
des mêmes déterminismes (Lire : "Et l'homme créa les dieux"). Que le football devienne un sport exemplaire, pratiqué
par des hommes d’honneur exceptionnels, et très vite, dans une lointaine bassecour,
d’autres mafieux trouveront d’autres gladiateurs pour distraire le pauvre
peuple !
Ça y est, on a pris du recul !
Avez-vous vu comme
nous avons pris ensemble du recul, voire de la hauteur ? Tout ne
devient-il pas un peu moins dramatique ? Regardez tout en bas ces petits nains fragiles qui brandissent leurs petits fanions et leurs dangereux cure-dents !
N’est-elle pas touchante cette minuscule planète qui tournoie dans le vide
infini, autour de cette étoile luciole qui un jour s’éteindra ?
Le risque du voyage astral
Mais gardons-nous de prendre trop de hauteur, trop de
distance. Ce genre de voyage astral présente un risque terrible, celui de ne
plus savoir comment réintégrer notre humanité. N’oublions pas que nous faisons
partie de cette multitude de petits éphémères qui sous prétexte de vouloir un
monde meilleur, oublient de vivre dans celui qui momentanément héberge leurs
fugaces vies…
Essayez un géant !
Cet article ne vous a pas vraiment aidé à prendre de la
distance ? C’est normal, pour réussir cela, le meilleur moyen est de
monter sur les épaules d’un géant, comme disait l'ami Bernard ! (Bernard de Chartres, voir la fin de l'article)
En voici un de géant !
Je vous conseille donc de monter sur les épaules de Jean-Antoine-Nicolas
de Caritat, plus connu sous le nom de Condorcet.
Lisez son dernier chef d'oeuvre « Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain ».
Lorsqu’il écrivit de 1793 à 1794, ce petit livre magnifique d’intelligence et d'optimisme, il se savait pourtant condamné par
la Révolution dont il avait été l’un des initiateurs. Vous serez éberlués par
sa lucidité et par sa brillante description du long cheminement de l’humanité
sur la laborieuse voie du progrès.
Mais chut ! J’ai été une fois de plus
trop bavard, lisez plutôt le grand Condorcet !
Il vous suffit pour cela, de cliquer sur l'image ci-dessous...
Les nains de l'ami Bernard de Chartres
Jean de Salisbury, philosophe anglais du 12ème siècle (bien avant le Brexit), dans son ouvrage "le Metalogicon", prêtait la métaphore suivante à son maître Bernard de Chartres :
Essayez !
Post Scriptum :
Ne vous méprenez pas sur la distance que j'ai tenté de prendre vis-à-vis de cette difficile période de transition, marquée, provisoirement je l'espère, par un certain recul du progrès. Les miens et moi-même, avons comme les autres, payé le prix de celle-ci.
Mes parents, après avoir connu l'euphorie de l'après-guerre et vécu une certaine ascension sociale, finissent tristement leur vie, difficilement protégés de la misère, par ma sœur et moi.
Ma sœur de 56 ans, après une vie de galère, a fait l'objet d'un licenciement économique l'an dernier et ne retravaillera probablement plus jamais.
Ma fille de 28 ans vient elle aussi d'être licenciée "économique" (sa licence et sa maîtrise ne lui servent à rien).
Mon fils qui était brillant à l'école primaire est devenu progressivement ignorant grâce au système éducatif français. Il est à présent en première année de droit, mais il n'a plus lu un livre depuis des années.
Quant à moi, j'ai fait mon burnout en 2009 à cause d'un travail qui me vampirisait et qui peu à peu a détruit ma vie, et à présent je compte les jours qui me séparent d'une retraite incertaine. J'ai fait partie de ces naïfs qui ont cru au projet européen, parce qu'ils n'en voyaient que le côté culturel. C'était sans compter sur ces grands malades que sont les gens pour lesquels seul compte l'argent. J'ai été un républicain laïque convaincu, et je le suis toujours, malheureusement, c'est vous dire si je me sens bête à présent avec mes valeurs de Liberté d'Egalité et de Fraternité, au milieu de ces malheureux qui revendiquent des idées datant de notre moyen âge...
Je peux encore monter sur des épaules de géants pour voir au-delà de moi et de cette société qui momentanément régresse, mais je suis triste à l'idée que les générations qui suivent ignoreront l'existence même de ces géants, du mois le temps plus ou moins long d'un probable moyen âge.
Mon fils ne lira jamais cet article...
Ni mon cher Papa qui depuis mardi dernier, ne vit plus que dans le cœur de ses proches. Je lui dédie ce modeste article, car c'est lui qui enfant m'a donné le goût de lire les géants.
Mes parents, après avoir connu l'euphorie de l'après-guerre et vécu une certaine ascension sociale, finissent tristement leur vie, difficilement protégés de la misère, par ma sœur et moi.
Ma sœur de 56 ans, après une vie de galère, a fait l'objet d'un licenciement économique l'an dernier et ne retravaillera probablement plus jamais.
Ma fille de 28 ans vient elle aussi d'être licenciée "économique" (sa licence et sa maîtrise ne lui servent à rien).
Mon fils qui était brillant à l'école primaire est devenu progressivement ignorant grâce au système éducatif français. Il est à présent en première année de droit, mais il n'a plus lu un livre depuis des années.
Quant à moi, j'ai fait mon burnout en 2009 à cause d'un travail qui me vampirisait et qui peu à peu a détruit ma vie, et à présent je compte les jours qui me séparent d'une retraite incertaine. J'ai fait partie de ces naïfs qui ont cru au projet européen, parce qu'ils n'en voyaient que le côté culturel. C'était sans compter sur ces grands malades que sont les gens pour lesquels seul compte l'argent. J'ai été un républicain laïque convaincu, et je le suis toujours, malheureusement, c'est vous dire si je me sens bête à présent avec mes valeurs de Liberté d'Egalité et de Fraternité, au milieu de ces malheureux qui revendiquent des idées datant de notre moyen âge...
Je peux encore monter sur des épaules de géants pour voir au-delà de moi et de cette société qui momentanément régresse, mais je suis triste à l'idée que les générations qui suivent ignoreront l'existence même de ces géants, du mois le temps plus ou moins long d'un probable moyen âge.
Mon fils ne lira jamais cet article...
Ni mon cher Papa qui depuis mardi dernier, ne vit plus que dans le cœur de ses proches. Je lui dédie ce modeste article, car c'est lui qui enfant m'a donné le goût de lire les géants.