Depuis 2010, Transitio est un site dans lequel j'analyse à ma façon la formidable période de transition que nous vivons. J'ai commencé par me préoccuper de la transition énergétique (pour des raisons professionnelles), mais très vite il m'est devenu évident qu'il fallait s'intéresser également à toutes les autres formes de transitions en cours, économiques, sociétales, etc.
(Transitio.info remplace le vieux site Transitio.net, devenu techniquement obsolète)
Un mème est un concept (texte, image, vidéo) massivement
repris, décliné et détourné sur Internet de manière souvent parodique, qui se
répand très vite, créant ainsi le buzz.
J'avais déjà tenté les 3 graphiques qui tuent sur une seule page (Voir ci-dessous).
Mais j'ai eu l'idée ce matin de décliner ceux-ci sous la forme d'un mème.
Oui, je
sais, ce n'est pas gagné, il a trop de texte, la moitié des gens vont décrocher
dès la première ligne. Mais ça m'a amusé de le faire.
Sinon voici l'image avec les graphiques et les sources :
Ci-dessous le texte pour un éventuel copier-coller :
En 1900, la population mondiale comptait au plus 1.7
milliards de personnes, la consommation mondiale d'énergie était d'environ 1100
millions de tonnes d'équivalent pétrole et la production mondiale de CO2 était
environ de 2 milliards de tonnes.
En 2018, la population mondiale comptait plus de 7.8
milliards de personnes, sa consommation mondiale d'énergie était de 13.865
millions de tonnes d'équivalent pétrole et la production mondiale de CO2 était
de 37.1 milliards de tonnes de CO2.
Depuis 1900 :
la population mondiale a été multipliée par 4.7,
la consommation mondiale d'énergie a été multipliée par 12.5,
la production mondiale de CO2 a été multipliée par 18.6 !
Mettez quelques lapins sur une île déserte sans prédateurs
et quelques décennies plus tard, l'île sera totalement ravagée.
Alors on fait quoi ? Si on exclu bien évidemment la "solution finale", la solution c'est quoi ?
Une personne en visite chez moi s'étonna un jour de
voir dans mon placard de cuisine un véritable service à thé japonais (ayant appartenu à ma défunte mère). Elle se justifia en me faisant part de ses réticences vis-à-vis des appropriations culturelles (1). Selon elle, c'était mal que j'aie ce service chez moi !
Appropriations culturelles
Robe Wax
Devant
mon étonnement, elle m'expliqua que, par exemple, elle ne porterait jamais une
robe africaine, parce que ce serait selon elle une appropriation culturelle. (Elle portait un jean, ce qui sans conteste est une appropriation culturelle de la culture américaine. Même si les Américains utilisèrent des toiles fabriquées à Nimes en France).
J'ai failli laisser
tomber ma tasse de fine porcelaine et j'ai essayé de lui expliquer que "l'appropriation culturelle" était en vérité la base de toute culture humaine.
Depuis la nuit des temps, chaque culture copie ou s'inspire de ce qu'elle aime
ou trouve pratique dans une autre culture. Le métissage culturel est aussi
précieux que le métissage génétique (que j'appelle secrètement de tous mes vœux,
pour constituer un jour une humanité unie).
Clarisse Sercan Nyuiadzi, créatrice de robes africaines Lisez sa bio et ses principes sur sa page.
Domination ou fonction évolutive ?
Bien sûr, cette amie n'est pas stupide, et dans la
conversation qui s'en est suivie, elle a avancé avec justesse l'argument de la
domination et plus particulièrement l'injuste domination des blancs sur tout le
reste du monde...
Je ne suis pas communiste, mais je trouve pertinente la lecture
marxiste de l'histoire. Raison pour laquelle j'ai essayé de lui expliquer que
la domination n'était pas seulement une question de couleur de peau, mais aussi
et surtout, une question de classe sociale. (Quant à la domination desdits blancs, à l'échelle de l'histoire de l'humanité, elle n'est que passagère et elle résulte de la chance de certains peuples d'avoir pu occuper des zones climatiques tempérées aux ressources facilement accessibles).
Il y a des dominants dans toutes les sociétés, y compris
chez la plupart des sociétés animales comme celles des primates dont nous
faisons partie. Cela correspond à une répartition des tâches qui s'est
instaurée parce que d'un point de vue évolutionniste, celle-ci fut pertinente à
un moment donné de l'évolution, en fonction des conditions environnementales.
Quand ces fonctions ne sont plus efficaces, comme la prédominance de la
force physique des mâles par exemple, les rôles sociaux évoluent et c'est tout simplement ce qui se passe
actuellement.
Lorsque les représentants de notre classe sociale dominante sont
allés en Afrique acheter des esclaves, là où le commerce des esclaves existait déjà bien des siècles avant leur arrivée(2), ceux-ci les ont achetés aux représentants
des classes dominantes africaines qui ont organisé toujours plus de razzias au
sein de leurs peuples pour satisfaire les besoins de nos planteurs, aux
Antilles et ailleurs. Bien sûr, des malheureux de chez nous ont participé à ce
crime ordonnancé par leurs propres maîtres. Mais quel était leur réelle part de
libre-arbitre dans cet engagement commandé par le besoin de travailler pour
vivre, au sein de régimes ne leur offrant aucune éducation morale autre que
religieuse, celle-ci justifiant bien évidemment l'esclavage (3).
Nous devons également considérer que le système des classes
est un système d'organisation sociale complexe et souvent ambigu. En effet, pour
continuer sur l'exemple de la colonisation et de l'esclavage au 18ème
siècle. Il faut savoir que nombre de citoyens de couleur possédaient eux-mêmes
des esclaves dans nos colonies ! Même s’ils étaient placés dans une situation
juridique inférieure à celle des "blancs", ils appartenaient à une
classe sociale très dynamique économiquement à Saint-Domingue, en Martinique et
dans une moindre mesure en Guadeloupe et en Guyane. Il y avait un transfert
croissant de propriétés de terres et d’esclaves des "blancs" vers les
gens de couleur. Dans trois quartiers du Sud de Saint-Domingue, dans les années
1780, les citoyens libres de couleur participaient à 44 % des transactions
foncières à la campagne. Les libres de couleur possédaient environ 20 % des
esclaves de Saint-Domingue et 5 % en Guadeloupe, à la fin du 18ème siècle. Ceux
de la Martinique étaient dans une situation intermédiaire entre la Guadeloupe
et Saint-Domingue. A Saint-Denis de la Réunion, 61 % des chefs de familles
libres de couleur recensés possédaient des esclaves ! (4)
Un injuste fardeau
Un peu plus tard, cette personne honnête et sensible m'a parlé des origines de
sa famille. Une très modeste famille vivant dans une des régions les plus
pauvres de France, accablée de misère durant des siècles. Elle-même, vit en dessous du seuil minimum de pauvreté et a vécu une
vie particulièrement difficile. Cela m'a donc profondément attristé qu'une
personne aussi vulnérable qu'elle, se sente obligée de porter le poids de crimes
commis par une classe sociale à laquelle absolument aucun de ses malheureux ancêtres
n'a jamais appartenu. Je n'ai cependant pas réussi à lui faire comprendre que
si elle portait un boubou africain, elle pourrait aussi aider une femme
africaine à élever ses enfants.
Quand nos identités sont simplifiées, l'autre devient un ennemi.
Voici une interview de Delphine Horvilleur à propos de l'identité. Elle aborde le problème de l'appropriation culturelle à la douzième minute. Mais toute l'interview est passionnante, car cette femme philosophe, écrivaine, journaliste et rabbin est d'une grande sagesse. A chaque fois que j'écoute une de ses interventions je suis admiratif.
Le wokisme est un impérialisme culturel.
Le concept d'appropriation culturelle est l'un des fruits toxiques qui poussent dans le champ de la pensée du courant "woke". La culpabilité
"petite-bourgeoise" qui imprègne ce mouvement me met vraiment mal à l'aise ! Il a fleuri aux USA au
sein d'une population sans véritable culture
historique (y compris des universitaires !), population embarrassée par le poids des crimes fondateurs qui ont participé à
la création de son pays (génocide des Indiens, esclavage puis ségrégation raciale) et
surtout une population accablée de ressentiment et d'un sentiment de culpabilité entretenu par une omniprésence
délétère de la religion.
Aux USA, Les historiens honnêtes savent que les luttes sociales
ont toujours été traitées à la baïonnette ou à la mitrailleuse(5) et qu'elles ont progressivement été remplacées par des luttes sociétales qui ne risquent pas de remettre en question l'ordre établi, puisque même le pouvoir y souscrit volontiers.
Le "wokisme" est en fait un parfait exemple d'impérialisme culturel, celui d'une société malade imposant les remèdes à ses propres maladies, aux autres sociétés, et ce, sans tenir compte des solutions que celles-ci ont déjà trouvé à leurs propres problèmes.
Ce que je trouve le plus étrange, c'est que ce soient nos mouvements dits de gauche, qui se soient précipités vers ce nouveau produit du soft power américain ! Une preuve que lesdits mouvements abandonnent eux aussi le social pour le sociétal ?
Le 20 avril 1914, le massacre de Ludlow a eu lieu lorsque
les troupes américaines ont ouvert le feu avec des mitrailleuses sur un camp de
mineurs en grève et leurs familles à Ludlow, Colorado.
12 000 mineurs s'étaient mis en grève en septembre dernier
contre la Colorado Fuel and Iron Corporation (CF&I), propriété de la
famille Rockefeller, à la suite du meurtre d'un militant des United Mine
Workers of America (UMWA).
Ils ont ensuite exigé une meilleure sécurité au travail et
d'être payés en argent, au lieu des certificats d'entreprise (jetons qui ne
pouvaient être échangés que dans le magasin de l'entreprise).
Les Rockefeller ont expulsé les mineurs en grève et leurs
familles de leurs maisons, et ils ont donc créé des « villes de tentes » pour
vivre collectivement, que les femmes des mineurs ont aidé à gérer. Les voyous
de l'entreprise ont harcelé les grévistes et sont parfois passés devant des
camps en les criblant de tirs de mitrailleuses, tuant et blessant des
travailleurs et leurs enfants.
Finalement, la garde nationale a reçu l'ordre d'expulser
tous les campements de grève, et le matin du 20 avril, ils ont attaqué le plus
grand camp de Ludlow. Ils ont ouvert le feu à la mitrailleuse sur les tentes des
travailleurs et de leurs familles, qui ont ensuite riposté.
Le principal organisateur du camp, Louis Tikas, est allé
rendre visite à l'officier en charge de la garde nationale pour arranger une
trêve. Mais il a été battu au sol puis abattu à plusieurs reprises dans le dos,
le tuant. Cette nuit-là, les troupes sont entrées dans le camp et y ont mis le
feu, tuant 11 enfants et deux femmes, en plus de 13 autres personnes tuées dans
les combats. La plus jeune victime était Elvira Valdez, âgée de seulement 3
mois.
Des protestations contre le massacre ont éclaté dans tout le
pays, mais les travailleurs de CF&I ont été vaincus et nombre d'entre eux
ont ensuite été licenciés et remplacés par des mineurs non syndiqués. Au cours
de la grève, 66 personnes ont été tuées, mais aucun garde ou voyou de
l'entreprise n'a été poursuivi.
Il n'y a que les imbéciles qui ne changent jamais d'avis. Jean-Marc Jancovici vient de prouver qu'il n'était pas un imbécile !
Autrefois ardent défenseur de la cause nucléaire, le
spécialiste de la question énergétique, Jean-Marc Jancovici, enterre le
nucléaire définitivement dans l'avant-propos qu'il a rédigé pour le dernier
ouvrage publié par The Shift Project"Climat, crises : Le plan de transformation de l'économie
française".
Je cite :
"Quant au nucléaire, il est long à mettre en œuvre, car
très capitalistique, et nécessitant des compétences pointues. Il a donc besoin
d'un cadre stable pour se développer. Un cadre que, aujourd'hui, seuls des
régimes autoritaires (Chine, Russie) savent garantir. Des pays démocratiques
ont pourtant fourni un tel cadre du temps de la planification d'après-guerre,
puis à l'époque des chocs pétroliers des années 1970. Mais, pour l'heure en
France, un (re)démarrage suffisamment rapide de la filière électronucléaire,
pour permettre de compenser en totalité la sortie des combustibles fossiles
sans demander d'autre effort, n'est pas envisageable."
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Voilà, c'est dit !...
Je ne me réjouis que très modérément d'avoir eu raison depuis si longtemps, car nous venons de perdre de très précieuses années. De plus, connaissant bien la puissance du lobby nucléaire français, je sais que nos élites dirigeantes vont persister dans leur aveuglement.
Qu'importe si l'an dernier, l'Industrie Mondiale du Nucléaire a déjà constaté dans son rapport annuel que le nucléaire n'avait plus d'avenir !
Qu'importe si les experts du fameux Bulletin of the Atomic Scientists ont reconnu eux-mêmes que le nucléaire n'était pas une solution au réchauffement climatique !
La France va de toute façon persister dans l'impasse nucléaire, et à dire vrai, je pense qu'elle ne peut plus faire autrement à présent, car trop de temps a été perdu et surtout, la guerre en Ukraine précipite la crise énergétique. L'hiver prochain risque de provoquer un vent de panique chez les gens qui ne sont pas préparés à ce qui va arriver.
Un dernier mot sur l'EPR ? Il devait coûter 3.3 milliards et être livré en 2012
! Actuellement le coût est arrivé à 12.7 milliards et dans le meilleur des cas,
il sera livré en 2023, qui plus est à puissance réduite, à cause de ses malfaçons !